Entretien exclusif avec Monsieur Jean François Mombia, président du conseil d’administration du Réseau d’Information et d’Appui aux ONG nationales (RIAO-RDC)
Franck Zongwe Lukama : Nous vous avons vu serrer la main de Madame Monique Gieskes en tant que responsable du PHC. Que symbolise ce geste pour vous ?
Jean Francois Mombia : Saluer ou serrer la main de Madame Monique Gieskes, c’est reconnaître en elle une personne à part entière, tout comme moi. Ce n’est ni un coup d’État, ni un acte blasphématoire de saluer un représentant de la PHC. En toute chose, je pense qu’il est nécessaire de passer par cette étape. Le principe est simple : tout ce que vous faites pour moi sans moi, vous le faites contre moi, à toutes fins utiles. En tant que sonneurs d’alerte, nous avons reçu des plaintes des communautés depuis 2012 et 2013. Finalement, nous nous sommes dits en tant que sonneurs d’alerte, nous devons faire notre travail, et c’est tout. Je dois rappeler que l’enfer ne sera pas le fait de saluer Mme Giskies ou un représentant des actionnaires majoritaires seulement alors qu’en 2019 j’ai eu 3 entretiens avec Mr Kalaa Pinga lui-même en tant qu’actionnaire Congolais de la même société.

Franck Zongwe Lukama : Pourquoi le RIAO semble-t-il aujourd’hui adopter une approche plus conciliante envers la PHC, malgré ses dénonciations passées de Feronia et de ses pratiques préjudiciables aux communautés locales ?
Jean Francois Mombia : Comme je l’ai mentionné, tout ce que nous faisons est en vue du respect des droits humains et des droits des travailleurs et des communautés. Nous avons dénoncé les injustices sociales dont les communautés, déjà ayant des droits, ou les propriétaires terriens étaient victimes. Nous ne cherchons pas à fermer la PHC, mais à ce que ces droits soient respectés. Nous agissons en tant qu’organisation de défense des droits humains qui accompagne les communautés, et non comme un parti politique d’opposition contre la PHC.
Franck Zongwe Lukama : Y a-t-il eu des compromis ou des pressions extérieures qui ont influencé ce changement de ton vis-à-vis de la société PHC ?
Jean Francois Mombia : Il n’y a pas eu de changement de ton en tant que tel. Nous avons des objectifs clairs : le respect des droits humains, des droits des travailleurs et des communautés. Nous voulons des salaires décents pour les travailleurs et des conditions de travail sûres. Notre objectif n’est pas de fermer la PHC, mais de veiller à ce que ces droits soient respectés.
Franck Zongwe Lukama : Le 30 avril 2024, nous avons couvert une manifestation de votre organisation, le RIAO, qui était une action tenue sur le boulevard à Kinshasa à l’occasion d’une réunion du conseil d’administration réunissant les investisseurs de la société PHC venus du monde entier. Quel est l’état actuel de vos démarches suite à la plainte déposée à Cologne ?
Jean Francois Mombia : La médiation n’a pas abouti. Nous avons initié et publié une lettre dénonçant l’échec de la médiation, que nous avons également remise à la présidence de la République. Suite à cela, nous avons été invités par le cabinet du chef de l’État pour discuter de la situation. Depuis lors, nous avons eu plusieurs rencontres avec Madame Monique Gieskes, où elle a manifesté la volonté de collaborer avec nous pour résoudre ces questions. Nous avons accepté de tendre la main à condition que cela serve les intérêts des communautés.

Franck Zongwe Lukama : En quoi les récentes évolutions après le dépôt de la plainte à Cologne peuvent-elles être interprétées comme une victoire pour le RIAO ? Est-ce une preuve de l’efficacité de vos actions ou simplement une réponse opportuniste de la part de la PHC pour améliorer son image publique ?
Jean Francois Mombia : Les évolutions récentes montrent une ouverture de la part de la PHC à collaborer avec nous pour résoudre les problèmes. Nous avons pu constater des avancées, telles que la construction d’écoles et la réhabilitation d’hôpitaux pour les communautés. Il y a eu un changement positif dans leur attitude, et nous sommes prêts à collaborer dans l’intérêt des communautés.
Franck Zongwe Lukama : Avec la PHC, quelles sont les grandes résolutions convenues lors de ces consultations facilitées par la présidence ?
Jean Francois Mombia : Nous avons soulevé plusieurs problèmes, notamment la libération des prisonniers et la restitution des terres aux communautés. Nous avons également discuté de l’ouverture du port fluvial de Lukutu. Il y a eu des promesses des deux côtés, et nous espérons que cela aboutira à des actions concrètes en faveur des communautés.
Franck Zongwe Lukama : Monsieur Jean Francois, je rappelle que vous êtes le président du conseil d’administration du Réseau d’Information et d’Appui aux ONG nationales (RIAO-RDC). Kilalopress vous remercie pour cet entretien.
Jean Francois Mombia : C’est moi qui vous remercie, Monsieur Franck Zongwe Lukama. Je tiens également à remercier Kilalopress pour son soutien aux actions du RIAO.
La rédaction