RDC : Le lithium une nouvelle bataille géopolitique sous l’égide de Zijin Mining

Le secteur minier mondial est sur le point d’entrer dans une nouvelle ère d’intensification des tensions géopolitiques, avec un focus particulier sur le lithium, métal clé pour les batteries des véhicules électriques. La Chine, déjà omniprésente en Afrique dans les domaines du cuivre et du cobalt, compte désormais frapper un grand coup avec l’exploitation du lithium en République Démocratique du Congo (RDC), et notamment sur le projet Manono, l’un des plus vastes gisements au monde. Mais derrière cette ambitieuse initiative de Zijin Mining Group, l’histoire cache des frictions et des luttes d’influence qui risquent de redéfinir les rapports de force dans la région.

Selon nos confreres du media https://www.bloomberg.com/news/articles/2025-01-07/china-s-zijin-plans-lithium-production-in-congo-from-early-2026?utm_me; Zijin Mining, le géant chinois de l’exploitation minière, entend démarrer la production de lithium dès le début de l’année prochaine dans le sud-est de la RDC. Le projet Manono, d’une envergure impressionnante, est considéré comme le Graal des ressources lithiumères, avec une teneur en oxyde de lithium de 1,51 % en moyenne. Ce gisement pourrait, à terme, faire de la RDC le prochain centre névralgique de la production de lithium, au même titre qu’elle l’est déjà pour le cobalt.

Cependant, cette avancée n’est pas sans controverse. Le site minier, revendiqué par l’entreprise australienne AVZ Minerals, fait actuellement l’objet de procédures d’arbitrage entre les deux parties. L’entreprise australienne accuse non seulement la Chine de “prendre des libertés” avec les droits miniers, mais aussi le gouvernement congolais d’avoir facilité cette prise de contrôle dans des conditions peu transparentes. Le statu quo reste donc suspendu à l’issue de cette bataille juridique, mais les ambitions de Zijin sont loin d’être freinées.

L’intérêt croissant de la Chine pour les ressources lithiumères africaines s’inscrit dans une dynamique de long terme. Bien que les prix du lithium aient chuté de près de 90 % par rapport aux sommets de 2022, les investissements chinois continuent de se multiplier à travers le continent, de la République Démocratique du Congo à la Zimbabwe, en passant par le Mali. Pour Zijin, il s’agit avant tout de sécuriser des ressources stratégiques, en vue de répondre à une demande future qu’ils jugent inévitables dans les secteurs des véhicules électriques et du stockage d’énergie. Le message est clair : les géants chinois ne s’inquiètent pas de la surproduction à court terme, mais anticipent une explosion de la demande mondiale dans les années à venir.

En 2026, le projet Manono pourrait donc marquer le début d’une nouvelle ère pour la RDC, mais aussi pour le secteur minier mondial. Le pays deviendrait ainsi le premier à voir son lithium extrait en grande quantité, avec un potentiel de production colossal dans un contexte où la demande pour des matériaux de haute technologie ne cesse d’augmenter. La question qui se pose désormais est celle des implications économiques et géopolitiques pour la RDC. En signant un contrat de joint-venture avec l’État congolais, Zijin Mining assure une partie du financement et des droits d’exploitation, mais aussi une prise de contrôle sur une partie des ressources stratégiques du pays. Le partenariat avec la RDC soulève des interrogations sur les termes exacts de l’accord et sur la manière dont les revenus issus de ce gigantesque gisement seront redistribués à la population congolaise.

Il ne fait aucun doute que la RDC bénéficiera financièrement de cette exploitation, mais la question de la gestion de ces ressources soulève des préoccupations. Le Congo, riche en minerais, reste l’un des pays les plus pauvres au monde, et nombreux sont ceux qui doutent que les richesses issues de l’exploitation minière profitent véritablement aux Congolais.

D’autant plus que le “modèle chinois”, alliant infrastructures et prêts à des concessions minières à long terme, pourrait laisser la RDC dans une position de dépendance accrue vis-à-vis de Pékin. Ce modèle, déjà observé dans d’autres secteurs en Afrique, a souvent été critiqué pour ses déséquilibres économiques et ses effets secondaires sur la souveraineté des pays partenaires.

La ruée vers le lithium en RDC représente sans doute une formidable opportunité pour le pays, mais elle ouvre également la porte à des enjeux géopolitiques complexes. La Chine, avec Zijin en tête, semble prête à dominer l’exploitation du lithium, mais cela pourrait-il se faire au détriment des Congolais ? Entre promesses de développement et risques de dépendance accrue, l’avenir du lithium congolais est loin d’être un long fleuve tranquille. Et si l’Afrique devenait, pour le lithium comme pour le cobalt, la nouvelle zone de guerre économique du XXIe siècle ? Rien n’est encore joué, mais les enjeux sont colossaux.

Par kilalopress

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