RDC : Le Discours du Ministre Guy Loando, une vision déconnectée de la réalité des femmes congolaises et des territoires en déclin

Le samedi 29 mars, lors de la session Level by Up Makutano, un événement organisé autour du thème “Et si on se disait tout”, le Ministre d’État à l’Aménagement du Territoire, Guy Loando Mboyo, a pris la parole pour prôner l’égalité des genres et le rôle des hommes dans l’émancipation des femmes. Un message qui, certes, a captivé une partie de l’audience, mais qui, selon certains observateurs, reste bien éloigné des réalités vécues sur le terrain par les femmes, en particulier celles issues des communautés autochtones et pygmées, ainsi que des populations rurales.

Dans son intervention, Guy Loando a insisté sur la nécessité pour les hommes de devenir des alliés et des partenaires dans la lutte pour l’égalité des genres, soulignant que “l’égalité ne se décrète pas, elle se construit dans nos foyers, nos institutions, nos entreprises”. Cependant, certains Congolais qui se sont exprimés à Kilalopress après l’événement ont souligné que ce discours ne fait qu’effleurer la réalité des femmes congolaises vivant de la terre et des champs. En effet, malgré les belles paroles, les femmes rurales, en particulier celles des communautés pygmées et autochtones, continuent d’être marginalisées, dépouillées de leurs terres et de leurs droits fondamentaux.

Dans des zones comme la tshopo, le Mai-Ndombe ou le Kasaï, des femmes sont régulièrement victimes de violations de leurs droits fonciers. Par exemple, de nombreux cas ont été signalés où des terres ancestrales, sur lesquelles ces femmes cultivaient depuis des générations, sont illégalement accaparées par des sociétés d’exploitation minière ou par des individus influents, sans compensation ni même consultation des populations concernées. Le discours du ministre sur la construction d’une “égalité” semble donc déconnecté de cette réalité brutale vécue par des millions de femmes congolaises. La question des “145 territoires évolués”, que le gouvernement présente comme un modèle de développement territorial, fait également débat. Des observateurs et des analystes politiques estiment que cette initiative, loin d’être un succès, reste largement inachevée et bien éloignée des attentes de la population. En dépit des chiffres optimistes fournis par le gouvernement, nombreux sont ceux qui jugent cette démarche comme un “effet d’annonce”. L’absence de réelles infrastructures et de services de base dans ces territoires démontre que l’État peine à garantir un développement réel et inclusif.

Les habitants de Kinshasa, notamment, fustigent cette politique qui, selon eux, ne répond pas aux véritables besoins des Congolais, surtout ceux vivant dans des zones rurales reculées. “On nous parle de territoires évolués, mais ici à Kinshasa, les femmes sont toujours confrontées à des conditions de vie précaires, sans accès à une terre productive ou à un soutien pour leur développement économique”, confie un citoyen dans les rues de la capitale. À l’intérieur même du gouvernement, et plus précisément dans certains bureaux au ministère de l’Aménagement du Territoire, certaines femmes se plaignent de leur traitement, se sentant écartées des grandes décisions ou victimes de sexisme au quotidien. Certains d’entre eux ont rapporté que, dans leurs bureaux, des propos sexistes sont régulièrement tenus par leurs supérieurs hiérarchiques. L’une d’elles, sous couvert d’anonymat, a déclaré : “Il nous arrive souvent d’être ignorées lors des réunions stratégiques, ou pire encore, d’entendre des remarques dévalorisantes sur notre capacité à prendre des décisions importantes.”

Malheureusement, le ministre Guy Loando semble avoir feint ignorer ces préoccupations lors de son intervention. Bien que le sujet de l’égalité des genres fût abordé dans son discours, il n’a fait aucune allusion concrète aux défis internes auxquels sont confrontées les femmes au sein même de son propre ministère. En fermant les yeux sur ce type de discriminations systématiques, Guy Loando montre, une fois de plus, que ses engagements restent largement théoriques et ne se traduisent pas dans les faits.

Ce qui est frappant dans le discours du ministre, c’est la contradiction entre ses propos et la réalité vécue par les femmes sur le terrain. En effet, Guy Loando semble croire que l’égalité se “construit” avec de belles paroles et des initiatives peu ambitieuses. Cependant, la population attend des actions concrètes. Le développement des territoires ne peut être réalisé que si les femmes, en particulier celles des communautés autochtones et pygmées, sont activement incluses dans les processus de décision, bénéficient de la protection de leurs droits fonciers et ont accès à des ressources qui leur permettent de s’épanouir. Or, ces besoins sont loin d’être satisfaits aujourd’hui. Il semblerait donc que le ministre, au lieu de mener des réformes structurelles pour améliorer la condition des femmes et des communautés marginalisées, préfère se livrer à des discours populistes destinés à renforcer sa propre image. Les Congolais, eux, attendent des résultats concrets du mandat de Félix Tshisekedi et de son gouvernement, qui devraient inclure une véritable réforme du secteur de l’Aménagement du Territoire et d’autres, pour garantir un développement réel et équitable sur tout le territoire, et non simplement une accumulation de chiffres et de déclarations sans impact tangible.

Par kilalopress

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