RDC : Le congo exclu, Ouganda et Émirats Arabes Unis signent un accord pétrolier sans consultation, une trahison des intérêts congolais !

Le président ougandais Yoweri Museveni a récemment annoncé sur X la signature d’un accord « historique » avec les Émirats arabes unis (EAU) pour la construction d’une raffinerie de pétrole dans le district de Hoima, avec une capacité de 60 000 barils par jour. Bien que ce projet semble marquer un tournant pour l’Ouganda, en particulier en matière d’autosuffisance énergétique, il soulève une question épineuse : comment cette initiative pourrait-elle affecter la gestion des ressources naturelles transfrontalières, notamment avec la République Démocratique du Congo (RDC) ?

Le projet, piloté par la société émiratie Alpha MBM Investments LLC, intervient dans une région partagée avec la RDC, celle du Graben albertin. Ce bassin pétrolier, situé à la frontière des deux pays, regorge de ressources qui n’ont jamais fait l’objet d’un partage équitable. Si l’Ouganda se réjouit de l’opportunité d’exporter des produits raffinés au lieu d’importer du carburant, la RDC, elle, semble être exclue de cette dynamique cruciale pour son avenir énergétique et économique.

Jean Bamanisa, ancien gouverneur de l’Ituri et figure politique influente, n’a pas tardé à réagir à cette annonce. Dans une série de déclarations percutantes, il a dénoncé l’absence totale de consultation entre l’Ouganda et la RDC dans le cadre de cet accord. Pour lui, il est évident que la gestion des ressources pétrolières partagées doit se faire selon un principe d’« unitisation », une méthode largement utilisée dans l’industrie pétrolière pour permettre une exploitation conjointe et équitable des gisements transfrontaliers. Bamanisa a exprimé son indignation face à cette initiative unilatérale, rappelant que la RDC, depuis 2008, avait déjà mis ce dossier sur la table du gouvernement et du Parlement.

L’absence de dialogue et de coopération entre les deux pays sur la question pétrolière n’est pas sans conséquence, comme l’a averti l’ancien gouverneur. Selon lui, la signature de cet accord avec les Émirats arabes unis, sans tenir compte des préoccupations congolaises, pourrait avoir des conséquences dramatiques sur la stabilité sécuritaire des provinces de l’Est de la RDC. « L’exploitation des réserves pétrolières de la Semuliki et du Graben albertin se fait à nos portes, mais sans aucune prise en compte des intérêts de la RDC », a-t-il déploré, soulignant que la population congolaise pourrait difficilement accepter de consommer du pétrole provenant de Hoima si celui-ci est exploité sans leur consentement, sur des gisements transfrontaliers.

Dans son analyse, Bamanisa pointe également du doigt les risques liés à la gestion « par intérêts privés » des négociations pétrolières, où des intermédiaires « sans expertise » auraient retardé les progrès de la RDC. Cette situation, loin d’être une simple affaire économique, soulève des préoccupations géopolitiques et sociales majeures. Les tensions déjà palpables dans l’Est de la RDC, notamment dans la région de l’Ituri, pourraient s’intensifier si le dialogue entre les deux nations ne s’améliore pas.

Des experts et acteurs du secteur écologique en RDC, sous couvert d’anonymat, soulignent également la fragilité de la situation sur le terrain. Un écologiste congolais basé à Ituri a ainsi exprimé ses inquiétudes quant à l’absence de véritables consultations avec les communautés locales et les experts en développement durable. Selon lui, « si cette situation devait se prolonger, on pourrait assister à une exacerbation des conflits pour l’accès aux ressources, déjà source de tensions », ajoutant que les projets de cette envergure doivent absolument intégrer des mesures de protection de l’environnement et des droits des communautés.

Le regard des Congolais sur cette nouvelle dynamique est sans appel : si l’Ouganda poursuit son chemin sans tenir compte des préoccupations de la RDC, des tensions supplémentaires risquent d’éclater, notamment en ce qui concerne le partage des ressources naturelles. Il est donc impératif que le gouvernement congolais réagisse et prenne des mesures concrètes pour négocier sa participation et éviter que cette situation ne se transforme en un point de friction international majeur.

La question qui se pose désormais est de savoir si le gouvernement congolais, sous la pression croissante des acteurs politiques et sociaux, réagira suffisamment vite et efficacement. La RDC pourrait-elle, en toute logique, se permettre de rester en retrait alors que ses ressources naturelles sont exploitées à son insu ? Bamanisa, et beaucoup d’autres, pensent que non. Et il est grand temps que le pays prenne position.

Par Franck zongwe lukama

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