Sous les lumières tamisées du restaurant Vilakazi, au cœur de la capitale kinshasa, un parfum de révolution douce flottait ce samedi 25 octobre. Pas une révolution armée, mais celle des idées. Autour d’un dîner chaleureux, Greenpeace Afrique, sous la coordination du Professeur Georges Milumbu de l’Université de Kinshasa, a réuni les journalistes congolais pour une soirée stratégique : renforcer les liens entre la presse et les défenseurs de la planète à l’approche de la COP30 prévue au Brésil.
Pour Greenpeace Afrique, la lutte climatique ne peut se gagner sans une décolonisation du discours écologique. « Nous devons parler d’environnement avec notre propre voix, notre propre regard africain », martèle le Professeur Milumbu, figure respectée du mouvement écologique congolais. Son appel sonne comme un réveil dans une époque où les grandes décisions climatiques se prennent souvent loin de l’Afrique — sans elle, ou pire, en son nom.

Face aux journalistes, Milumbu a insisté sur le rôle capital des médias : « Quand les journalistes parlent, ils deviennent la voix de ceux qu’on n’écoute pas. » Pour lui, informer sur l’environnement, c’est faire œuvre de justice. C’est donner aux communautés locales la possibilité de comprendre, d’agir et de résister face à la déforestation, à la pollution et à la dépossession de leurs terres. Il a comparé le travail journalistique à celui de l’abeille : utile, discret, mais vital. « Comme l’abeille produit le miel sans en connaître le prix, le journaliste travaille pour le bien collectif sans toujours mesurer l’impact de sa plume. »
Dans ses critiques, le coordinateur de Greenpeace Afrique a également évoqué les violations des droits des communautés locales par certaines entreprises opérant dans le secteur forestier. Il a dénoncé les abus liés à l’extractivisme pétrolier à Muanda, où les populations subissent les retombées environnementales sans en tirer aucun bénéfice. Il a également soulevé les controverses autour du marché du carbone et ses dérivés en RDC, pointant du doigt le risque d’une nouvelle forme de colonisation économique sous couvert de transition verte. Sur la gouvernance forestière, il a toutefois salué les réformes déjà palpables obtenues grâce au lobbying et au plaidoyer des organisations écologistes, tout en appelant à plus de transparence et de redevabilité dans la gestion des ressources naturelles. Abordant la question des plastiques, Milumbu a rappelé que Greenpeace mène un combat mondial contre cette pollution qui envahit les océans, les marchés et même les corps humains, et qu’il est temps que la RDC rejoigne activement cette bataille.
Les journalistes présents n’ont pas manqué de poser de nombreuses questions, de proposer des pistes de collaboration et d’émettre des recommandations concrètes. Plusieurs ont insisté sur la nécessité d’un suivi rigoureux des entreprises accusées de violer les droits des communautés ou de ne pas travailler dans la conformité environnementale. Selon Greenpeace, ces structures doivent être accompagnées, mais aussi interpellées afin d’adopter des pratiques responsables et respectueuses de la vie humaine et de la nature. Le Professeur Milumbu a promis que Greenpeace continuerait d’appuyer les voix locales et d’utiliser la force du plaidoyer pour que les entreprises récalcitrantes soient tenues responsables de leurs actes.

Dans un ton grave, le numéro un de Greenpeace Afrique a déploré l’absence répétée de la RDC dans les grands rendez-vous internationaux, souvent remplacée par « des opportunistes » qui ne portent ni les priorités du pays, ni celles de ses peuples. Un constat amer à quelques semaines de la COP30, où l’Afrique, poumon vert de la planète, devrait être au centre des débats — et non à la périphérie.
Aux côtés du Professeur Milumbu, Raphaël Mavambu, chargé de communication de Greenpeace Afrique, a rappelé que la collaboration entre médias et écologistes est un levier de transformation sociétale. Les journalistes, selon lui, sont les éclaireurs capables de booster la politique environnementale et de réveiller les consciences. Le dîner s’est ainsi transformé en une sorte de pacte moral : celui de parler vrai, de raconter la nature autrement, et de redonner à l’Afrique la parole sur ses propres luttes écologiques. En filigrane, un message fort : l’avenir de la planète ne se décidera pas sans l’Afrique, et encore moins sans les journalistes qui lui prêtent leur voix.
Par kilalopress