Lors de la Conférence sur le développement durable de Hambourg, la Première Ministre de la République Démocratique du Congo (RDC), Judith Suminwa, a plaidé pour une compensation financière équitable du crédit carbone, soulignant le rôle essentiel de son pays dans la préservation des écosystèmes mondiaux. Cependant, cette position soulève des questions cruciales sur la viabilité de la stratégie économique actuelle de la RDC, notamment à travers une réflexion critique sur le marché mondial des ressources.
La RDC est riche en ressources naturelles, notamment en cobalt, café et cacao, qui sont des piliers de son économie. Cependant, le prix de ces matières premières est extrêmement volatile sur le marché international. Par exemple, le cobalt, indispensable pour les batteries des véhicules électriques, a connu des fluctuations de prix significatives, allant de 90 000 dollars la tonne en 2018 à environ 30 000 dollars aujourd’hui. Cette instabilité met en lumière la dépendance de la RDC vis-à-vis d’un marché mondial souvent inconstant et, de surcroît, contrôlé par des puissances étrangères.
La position de la RDC en tant que fournisseur de ressources naturelles présente un double défi. D’une part, le pays est en quête de financements pour développer ses infrastructures et améliorer les conditions de vie de sa population. D’autre part, il se retrouve piégé dans un système économique où les prix des ressources qu’il exporte sont fixés par des acteurs externes. Ainsi, les bénéfices directs de l’exploitation de ces ressources sont souvent siphonnés par des multinationales, laissant le pays dans une situation de précarité.
Dans le cas du café et du cacao, deux autres ressources vitales pour l’économie congolaise, les fluctuations de prix sont également préoccupantes. Les producteurs de café en RDC reçoivent une part minime du prix de vente au détail, souvent en raison de la domination des grandes entreprises sur le marché. Cela empêche la RDC de capitaliser pleinement sur ses atouts agricoles, contribuant ainsi à la pauvreté et à l’instabilité économique.
Pour redresser la barre, la RDC doit revoir son narratif face aux pays occidentaux et rechercher des solutions locales. Le plaidoyer pour un meilleur prix du carbone est certes légitime, mais il ne doit pas occulter l’urgence d’une réforme économique structurelle. En favorisant des initiatives locales et en renforçant les capacités de production et de transformation sur le territoire, la RDC pourrait mieux contrôler ses ressources et réduire sa vulnérabilité face aux fluctuations du marché mondial.
La collaboration avec d’autres pays riches en ressources, comme le Brésil et l’Indonésie, est un pas dans la bonne direction. Toutefois, cette approche ne doit pas se limiter à la recherche de financements externes. La RDC doit également s’engager dans des stratégies visant à diversifier son économie et à promouvoir des industries locales qui valorisent ses ressources. Pour assurer un avenir durable à son peuple, la RDC doit impérativement changer de stratégie et construire un modèle économique qui repose sur une indépendance accrue vis-à-vis des marchés internationaux. Les solutions doivent être locales, et l’autonomisation économique, une priorité.
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