Les vastes forêts de la République Démocratique du Congo (RDC) jouent un rôle crucial dans la lutte mondiale contre le réchauffement climatique, abritant la plus grande tourbière tropicale au monde et stockant des milliards de tonnes de carbone. Pourtant, malgré leur importance environnementale, ces écosystèmes sont confrontés à une menace grandissante de déforestation, alimentée par la pauvreté, l’agriculture sur brûlis, et l’exploitation non réglementée du bois.
Depuis 2013, le Fonds national pour la réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (Fonaredd) a été établi pour mobiliser les financements nécessaires à la préservation de ces ressources vitales. Cependant, un rapport récent publié par Ebuteli révèle que les ambitions du Fonaredd ont été entravées par des tensions persistantes entre le gouvernement congolais et les bailleurs de fonds internationaux.

La méfiance entre les parties prenantes est au cœur des difficultés rencontrées par le Fonaredd. Les bailleurs de fonds internationaux reprochent à l’État congolais une gouvernance défaillante et une gestion opaque des ressources allouées. En réponse, le gouvernement congolais revendique un accès direct à la gestion financière du Fonaredd, actuellement confiée à des agences internationales.
Les tensions entre les ministères congolais de l’Environnement et des Finances exacerbent également les frictions institutionnelles, compromettant la cohérence des politiques et la capacité du Fonaredd à atteindre ses objectifs initiaux.
Malgré les financements atteignant 750 millions de dollars depuis sa création, le Fonaredd est encore loin de couvrir les besoins estimés à 48,68 milliards de dollars pour une lutte efficace contre le changement climatique en RDC. La faible mobilisation des ressources financières reflète non seulement les contraintes budgétaires de l’État, mais aussi l’incertitude quant à la gouvernance et à la transparence du Fonaredd.
Le rapport souligne l’urgence pour la RDC de renforcer sa gouvernance et sa transparence afin de mobiliser efficacement les financements nécessaires à la préservation de ses forêts et tourbières. La réussite du Fonaredd dépendra d’une collaboration accrue entre les bailleurs de fonds, le gouvernement et la société civile, garantissant ainsi une gestion durable des ressources forestières tout en répondant aux défis climatiques mondiaux.
La RDC, en tant que gardienne d’une part significative du bassin du Congo, a un rôle crucial à jouer dans la régulation climatique mondiale. Cependant, pour que cet engagement se traduise en actions concrètes, il est impératif que les obstacles institutionnels soient surmontés et que des réformes substantielles soient entreprises pour assurer une gestion durable et équitable de ses ressources naturelles.
Ce rapport de Ebuteli met en lumière non seulement les défis auxquels est confronté le Fonaredd, mais aussi l’opportunité pour la RDC de se positionner comme un leader dans la lutte contre le changement climatique, à condition que des mesures décisives soient prises pour garantir une gouvernance efficace et transparente.
Par Franck zongwe lukama