« Cela doit cesser. » Ce sont les mots graves et répétés de Me Olivier Ndoole, avocat d’intérêt public et secrétaire exécutif de l’Alerte Congolaise pour l’Environnement et les Droits de l’Homme (ACEDH), ce 28 juillet 2025. Dans une déclaration ferme, il condamne l’arrestation jugée arbitraire d’un défenseur des droits fonciers dans la province du Haut-Uélé, en République Démocratique du Congo. Selon lui, cette détention de 22 jours sans jugement, dans un cachot, viole non seulement la Constitution, mais aussi le droit international.
Me Ndoole affirme que cette arrestation est contraire aux lois de la République ainsi qu’à l’arrêt de la Cour internationale de justice, qui consacre le droit à la justice pour les communautés locales, les défenseurs des droits humains, et les plus vulnérables. Il insiste : « En aucun cas, ni l’administrateur de Watsa, ni l’ANR provinciale, ni le gouverneur de province n’ont le mandat ni le pouvoir de priver une personne de liberté au-delà des délais légaux. »
Le contexte de cette arrestation de monsieur Sadiki Shemukobya Espoir, coordonnateur national de l’Association Nationale des Victimes du Congo (ANVC) , selon lui, révèle une situation plus vaste : des violations massives des droits humains dans les zones riches en ressources naturelles. « Dans les nouvelles provinces où il y a l’exploitation de minerais ou de bois, cela doit cesser. » Il évoque une continuité coloniale inquiétante : « Si à l’époque coloniale les Belges coupaient les mains des Congolais pour le caoutchouc, aujourd’hui on arrête les Congolais, on les bastonne pour de l’or ou pour avoir les terres des communautés locales. »
L’indignation exprimée par l’avocat public est d’autant plus marquée qu’il accuse certaines autorités et agents de sécurité de devenir des auxiliaires des entreprises privées. « Les forces de sécurité sont devenues des corporaux utilisés par les multinationales au détriment des droits des peuples congolais. » Il appelle les institutions nationales – le président de la République, l’Assemblée nationale, le Sénat – à agir de manière urgente pour mettre fin à ces pratiques qu’il juge illégales et inhumaines.
Me Ndoole évoque également la possibilité d’actions judiciaires à venir. « Des actions judiciaires devront être intentées, y compris contre la République si elle n’intervient pas pour protéger ses défenseurs. » Il rappelle que la loi garantit la liberté d’action, de mouvement, de réunion, et la protection des défenseurs des droits humains. Même en cas d’infraction présumée, « cela ne justifie en rien une détention prolongée au-delà des 48 heures prévues par la loi. »
Il interpelle aussi directement le chef de l’État. « Le président avait promis d’humaniser les services de l’ANR. Mais il est regrettable de constater qu’un citoyen qui défend les droits fonciers face à une multinationale étrangère soit arbitrairement arrêté, pendant que des criminels, qui se reconnaissent comme tels, ne sont jamais inquiétés. » Il poursuit : « Pourquoi ne pas négocier avec les Congolais qui manifestent pacifiquement ? Pourquoi les arrêter, les maltraiter, les bastonner ? »
Enfin, Me Ndoole désigne explicitement le périmètre d’exploitation de Kibali Gold comme un espace de non-droit où les droits fondamentaux sont bafoués. Il conclut par un appel fort à la solidarité : « Nous allons solliciter la solidarité internationale et nationale pour dénoncer cette situation. Ce type de violences contre les populations ne doit plus être tolérable. »
Cet indignation de l’avocat Olivier Ndoole Bahemuke marque un signal d’alerte lancé depuis le terrain. Il révèle des atteintes graves aux droits fondamentaux dans un contexte où les ressources naturelles deviennent un facteur de répression plutôt que de développement. L’histoire de ce défenseur détenu depuis 22 jours sans procès doit faire réagir. Le droit ne peut pas être optionnel, même dans les zones les plus isolées.
Par franck zongwe Lukama