La situation sanitaire en Plaine de la Ruzizi, au Sud-Kivu, connaît une intensification alarmante avec la propagation du Mpox, une forme de variole de singe. Les récentes données révèlent plus de 800 cas notifiés à Kamanyola et une dizaine à Sange, illustrant une crise qui s’étend à travers les villages de la région.
Cette montée en puissance suscite des inquiétudes croissantes parmi les acteurs de la société civile et met en lumière les défis complexes auxquels sont confrontées les communautés locales et les structures sanitaires.
Les témoignages de Bugembe Igilima Jean de Dieu, expert en santé publique, soulignent une gestion déficiente de l’épidémie. Les structures sanitaires locales, souvent débordées et mal équipées, tardent à référer les cas graves à l’hôpital, aggravant ainsi la situation. Les patients souffrant du Mpox se retrouvent souvent dans des centres sans les moyens nécessaires pour une prise en charge adéquate, entraînant des retards critiques dans le traitement. Cette lenteur dans la prise en charge est exacerbée par un manque de sensibilisation et de prévention efficace parmi les habitants. Malgré les efforts de la zone de santé de Nyangezi pour sensibiliser la population, une partie de la communauté ne prend pas suffisamment au sérieux les mesures préventives, permettant ainsi à l’épidémie de se propager. Ce phénomène est en partie dû à une méfiance généralisée envers les institutions sanitaires et à un manque de communication efficace.
L’épicentre de cette épidémie se situe au camp de transit des réfugiés burundais de Sange, qui abrite aujourd’hui plus de 12 000 personnes dans des conditions de promiscuité extrême. Cette densité élevée et le manque de conditions sanitaires appropriées augmentent considérablement le risque de propagation du virus. Byamungu Shamamba Paul, coordonnateur de la nouvelle société civile congolaise, appelle à une implication plus importante de la hiérarchie pour pallier ce manque de ressources et de soutien.
En réponse, la Division Provinciale de la Santé (DPS) prévoit la mise en place d’un centre d’isolement privé à Sange et la mise en œuvre de formations pour les prestataires de santé, afin d’améliorer la gestion des cas de Mpox. Ces initiatives visent à renforcer la capacité de la communauté et des professionnels de santé à faire face à l’épidémie, tout en augmentant les efforts de sensibilisation pour garantir une résilience communautaire.
L’augmentation des cas de Mpox dans la province du Sud-Kivu révèle les lacunes dans le système de santé publique et les défis rencontrés par les communautés locales, en particulier les populations réfugiées et les zones rurales. Les défis logistiques, combinés à une réponse communautaire insuffisante, illustrent la nécessité d’une approche coordonnée et multisectorielle pour lutter contre l’épidémie. La situation met également en évidence l’importance d’un soutien international accru et d’une meilleure gestion des ressources locales pour éviter que de telles crises ne se répètent. Le renforcement des capacités des prestataires de santé et l’amélioration des infrastructures sanitaires sont des étapes cruciales pour gérer efficacement cette épidémie et protéger les communautés les plus vulnérables.
La crise du Mpox en Plaine de la Ruzizi est un appel urgent à une action concertée et efficace. Elle souligne la nécessité de renforcer les infrastructures de santé, d’améliorer la communication et la sensibilisation, et d’assurer un soutien adéquat aux communautés locales et aux réfugiés. La résolution de cette crise nécessitera un engagement continu et une coopération renforcée entre les autorités locales, les organisations humanitaires et les populations concernées pour mettre fin à la propagation du Mpox et protéger la santé publique dans cette région en détresse.
Par Wendo joés
