Le 4 mai 2023, la province du Sud-Kivu, dans l’est de la République Démocratique
du Congo, a été frappée par une catastrophe naturelle d’une ampleur dévastatrice. Le village de
Nyamukubi, au cœur du territoire de Kalehe, a été particulièrement touché, laissant dans son
sillage des milliers de morts et des pertes matérielles incalculables. La Kalehe Arabica Coffee Cooperative, KACCO, spécialisée dans la production de café de qualité, a été l’une des plus durement affectées. Pourtant, un an et demi après le
désastre, grâce à un soutien essentiel, la coopérative renaît progressivement, portée par l’espoir et
la solidarité.
Le 4 mai 2023, les pluies torrentielles ont frappé le village de Bushushu, une sous-localité de
Nyamukubi, et ont causé des destructions massives. Pascal Mulomeodherwa Mulimbanya, directeur
général de la coopérative KACCO, raconte : « Plus de 5000 personnes sont mortes dans la
catastrophe, y compris plusieurs membres de la coopérative ». Avant la tragédie, la coopérative
comptait 450 membres à Bushushu. Après l’événement, la coopérative a mené des séances de sensibilisation, ayant abouti à l’adhésion de 135 nouveaux membres à Nyambukubi. Aujourd’hui, 275 caféiculteurs sont membres de la section de la KACCO à Nyamukubi.
Les témoignages des producteurs sont poignants. Neema Mwakalembe, une caféicultrice de 25 ans,
raconte la perte de son champ de café de 125 plants ainsi que de plusieurs membres de sa famille
dans le drame. « Le désastre a emporté ma maison. Mon mari est décédé, ainsi que plusieurs de mes
enfants. Sur mes sept enfants, il ne m’en reste que deux », explique-t-elle, visiblement marquée.
Aujourd’hui, elle vit dans un camp de déplacés, une réalité partagée par de nombreuses autres
victimes.
Alphonsine, mère de dix enfants, a également vu sa vie être réduite à néant. « La catastrophe a
emporté presque tous mes champs et ma maison. Mon fils, sa femme et leurs deux enfants sont
morts. Mais grâce au café, mes deux enfants qui sont au secondaire ont pu finir l’année scolaire »,
confie-t-elle. La vente de café permet à Alphonsine, malgré les souffrances, de reconstruire petit à
petit sa vie.
La culture du café est pour ces caféicultrices et caféiculteurs un véritable levier de survie.
Henri Minani Nyakashero, membre de la coopérative depuis 2014, explique : « Avant la catastrophe,
je produisais entre 2 000 et 2 200 kilos de café avec mes 1 200 plants. Aujourd’hui, grâce à
l’accompagnement d’Agriterra, je produis environ 2 800 kilos. » La coopérative KACCO, qui bénéficie
du soutien du projet TRIDE d’Agriterra, voit sa production et ses techniques agronomiques
s’améliorer grâce à des formations spécialisées.
Les membres de la coopérative participent également à des groupes de formation appelés G20, où ils
apprennent des pratiques agricoles avancées. Neema Mwakalembe est l’une des Agrileads formées
dans ce cadre. « Grâce à Agriterra, nous avons appris de nouvelles techniques. Aujourd’hui, je
transmets ce savoir aux autres femmes, et cela nous aide à produire un café de qualité »,
affirme-t-elle fièrement.
La vente de café devient un outil de relèvement crucial pour ces producteurs. C’est dans cette
optique que la société KEYNOTE, basée au Royaume-Uni, a fait le choix d’acheter une partie de la
production de la coopérative. En juin 2024, alors que les membres de la coopérative se préparent à
expédier leur café, Pascal Mulomeodherwa Mulimbanya explique : « KEYNOTE a acheté un demi-
containeur de café, provenant principalement des femmes survivantes de la catastrophe. Cela a ravivé l’espoir parmi les membres de la coopérative. » Pour Neema, ce partenariat est crucial : « Grâce à cet achat, nous pouvons continuer à vivre. C’est un véritable soutien pour nous. »
Alphonsine ajoute : « Sur le petit terrain qu’il me reste, je récolte le café, et c’est ce qui me permet
d’envoyer mes enfants à l’école et de leur acheter des vêtements. »
Les producteurs de Nyamukubi sont déterminés à démontrer la qualité exceptionnelle de leur café. «
Nous avons travaillé dur pour offrir un café de qualité supérieure. Les clients de KEYNOTE vont
goûter un café d’exception », assure Alphonsine. Les formations d’Agriterra ont permis aux
producteurs de perfectionner leurs méthodes de traitement du café, garantissant ains i une qualité
qui répond aux standards des acheteurs internationaux.
Les efforts conjoints de la coopérative KACCO et d’Agriterra permettent de donner un nouvel élan à
la production de café, comme le souligne Henri : « Nous avons mis en pratique tout ce que nous
avons appris. L’année prochaine, nous comptons produire encore plus grâce à cette collaboration. »
Les producteurs de Nyamukubi ne demandent qu’à continuer à reconstruire leur vie grâce à leur
café. Pascal Mulomeodherwa Mulimbanya lance un appel : « Nous avons suffisamment de café pour
remplir deux ou trois containers. Les femmes peuvent produire bien plus que ce qui est actuellement
réservé à KEYNOTE. Nous espérons que d’autres acheteurs viendront soutenir ces producteurs qui
luttent pour reconstruire leurs vies après cette tragédie. »
Cet appel à l’aide souligne le rôle essentiel des acheteurs dans la réhabilitation économique de la
région. Comme l’explique Neema, « KEYNOTE ne doit pas s’arrêter là. Avec plus de soutien, nous
pourrions produire encore plus de café et aider davantage de familles à se relever. »
L’histoire de la coopérative KACCO est celle d’une résilience exemplaire face à l’adversité. Le café,
plus qu’une simple culture, est devenu un vecteur d’espoir pour des centaines de familles dans la
région de Nyamukubi. Avec l’aide d’Agriterra, l’engagement des producteurs et le soutien
d’acheteurs comme KEYNOTE, la coopérative a non seulement survécu à la catastrophe, mais elle est
en voie de prospérer à nouveau. Pour les femmes de Nyamukubi, la production de café n’est pas simplement une activité économique, c’est une manière de reconstruire leurs vies, un grain après l’autre.
Par kilalopress