Le 9 octobre, une intervention des forces de l’ordre ougandaises a conduit à l’arrestation de plusieurs pêcheurs congolais sur le lac Albert, exacerbant ainsi les tensions entre les deux pays voisins. Selon la société civile de la chefferie de Mokambo, ces pêcheurs ont vu leurs 24 embarcations et divers équipements de pêche saisis sous prétexte de violation des eaux territoriales ougandaises. Ces événements soulèvent des questions cruciales sur les droits humains, la gestion des ressources naturelles et la diplomatie entre la République Démocratique du Congo (RDC) et l’Ouganda.
Les pêcheurs, actuellement détenus à la prison de Bulisia, doivent débourser environ 200 dollars américains pour leur libération, une somme considérable dans un contexte économique précaire. Grégoire Thumitho, représentant de la société civile, a appelé les autorités congolaises à intervenir rapidement pour libérer ces hommes, dont les familles sont en détresse, poussées à vendre des biens pour financer leur libération. Cette situation illustre la fragilité des vies des pêcheurs qui, dans leur quête de subsistance, se retrouvent piégés par des conflits d’ordre politique et territorial.
Les militaires ougandais justifient leurs actions par des accusations de pêche illicite, renforçant ainsi un cadre législatif national souvent appliqué de manière stricte et unilatérale. Cependant, cette approche soulève des interrogations sur la manière dont les ressources naturelles sont gérées dans cette région partagée, où les pratiques de pêche traditionnelles des Congolais sont criminalisées. Ce traitement différencié souligne un manque de dialogue entre les deux nations, qui doit être urgent pour éviter que des incidents similaires ne se reproduisent.
La société civile appelle également à une coopération entre les autorités militaires des deux pays, suggérant que les patrouilles de la force navale congolaise soient intensifiées pour éviter d’autres arrestations. Une telle proposition met en lumière la nécessité d’un cadre de collaboration basé sur le respect mutuel et la reconnaissance des droits des pêcheurs, qui sont souvent laissés pour compte dans les disputes territoriales.
Ce conflit sur le lac Albert est symptomatique d’une problématique plus vaste : la gestion des ressources naturelles dans des zones où les frontières administratives ne correspondent pas toujours aux réalités socio-économiques. L’Ouganda et la RDC partagent non seulement des rivières et des lacs, mais aussi des enjeux de sécurité alimentaire et de survie économique pour des milliers de personnes.
Les organisations de defenses du niveau regional ne peuvent pas rester spectatrice de cette situation. Un appel à des négociations pacifiques et à la mise en place de mécanismes de résolution des conflits est essentiel pour garantir la protection des droits humains et le respect des pratiques de pêche traditionnelles. Tant que ces questions resteront en suspens, la sécurité des pêcheurs sur le lac Albert continuera d’être menacée, et avec elle, les vies de nombreuses familles congolaises.
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