Après avoir été frappée par la maladie du Konzo, la province du Kwango doit désormais faire face à une nouvelle menace écologique : l’invasion d’une colonne de sauterelles non encore identifiées. Ces criquets, découverts dans la brousse du quartier Manzau, en périphérie de Kenge, suscitent une vive inquiétude parmi les agriculteurs et les autorités locales.
Cette invasion rappelle celle survenue l’année dernière dans le secteur de Mosamba, ainsi que dans plusieurs villages des territoires de Kasongo-Lunda et Feshi, où des criquets similaires avaient causé des ravages considérables. Localement connus sous le nom de Mikongo mia bamvumbi (littéralement « Dos des cadavres humains »), ces insectes aux teintes vertes et jaunes s’attaquent massivement aux cultures et à la végétation environnante. D’après les observations sur le terrain, la majorité des spécimens recensés à Manzau sont encore jeunes, sans ailes, mais dotés d’une mobilité impressionnante sur le sol et dans les buissons. Les adultes, quant à eux, possèdent de grandes ailes rappelant celles des papillons et peuvent se déplacer rapidement.
L’alerte a été donnée par les paysans locaux, dont les terres agricoles risquent d’être dévastées si des mesures ne sont pas rapidement mises en place. Tshilombo, ministre provincial de l’Agriculture, accompagné de l’inspection provinciale de son secteur, s’est rendu sur place et a confirmé la dangerosité de ces criquets pour la production agricole de Kenge. L’inspecteur provincial de l’Agriculture a précisé que ces criquets verts seraient une mutation de ceux ayant sévi dans le secteur de Mosamba l’an passé. Leur cycle de reproduction pose un défi supplémentaire : ils pondent leurs œufs jusqu’à un mètre sous terre, lesquels éclosent après environ huit mois. Ce délai pourrait entraîner une recrudescence massive de ces ravageurs si rien n’est fait rapidement.
À ce jour, aucune solution concrète n’a encore été annoncée pour enrayer la progression de ces criquets. Un échantillon a été prélevé pour analyse, et le ministre de l’Agriculture a promis de porter le dossier au gouvernement afin d’initier des mesures de lutte contre cette invasion. En attendant, il appelle la population au calme, bien que l’inquiétude demeure palpable. Par ailleurs, les habitants de la région ont signalé la présence d’un autre type de criquets, noirs cette fois, à quelques kilomètres de Manzau. Si ces signalements se confirment, Kenge pourrait être confronté à une invasion multiple, accentuant davantage la menace sur l’environnement et l’agriculture locale.
Au-delà de l’impact sur l’agriculture, cette invasion pose des questions environnementales majeures. La destruction des cultures pourrait entraîner une insécurité alimentaire accrue dans la province, déjà vulnérable. Face à cette urgence, il devient impératif pour les autorités de mettre en place un plan de lutte efficace, alliant surveillance, identification scientifique et stratégies de contrôle adaptées. Alors que les agriculteurs redoutent de lourdes pertes, la province du Kwango attend désormais des réponses concrètes. L’inaction risquerait d’aggraver une crise alimentaire et écologique qui pourrait s’étendre à d’autres régions du pays.
Par kilalopress