La cité de Moanda, autrefois paisible, voit son environnement se détériorer inexorablement ces dernières années. Au cœur de cette préoccupation croissante, la société pétrolière Perenco est pointée du doigt pour sa responsabilité présumée dans cette dégradation.
Lundi 8 juillet 2024, une réunion consultative majeure a rassemblé les députés nationaux du Kongo central et divers représentants de la société civile à Moanda. L’objectif : évaluer l’impact environnemental des activités de Perenco dans la région. Arthur Gueriot, directeur général de Perenco en RDC, a défendu fermement son entreprise, affirmant que toutes les opérations sont menées en stricte conformité avec les normes environnementales nationales et internationales en vigueur. Il a souligné que Perenco est régulièrement contrôlée par les autorités compétentes pour garantir le respect de ces normes.
Pourtant, malgré ces assurances, les critiques persistent. Pauline Mbenza, deuxième vice-présidente du comité de concertation du territoire de Moanda, a dénoncé le manque d’engagement de Perenco envers le développement social de la région. Elle a souligné les lacunes criantes en matière d’infrastructures de base telles que l’électricité, l’eau potable, les routes, les centres de santé et les écoles, ainsi que le besoin crucial d’emplois stables pour la population locale.
Les accusations vont plus loin. Des rapports, dont celui de Investigate Europe, une organisation regroupant des journalistes d’investigation européens, mettent en lumière pas moins de 167 incidents de pollution attribués aux opérations de Perenco entre 2012 et 2021. Cette pollution menace directement des espèces protégées telles que les hippopotames, les lamantins, les singes et les tortues qui dépendent des mangroves locales pour leur habitat.
En réponse à ces préoccupations, Perenco a souligné ses efforts en matière de développement durable, notamment à travers des initiatives de recyclage des déchets plastiques collectés dans les rues de Moanda. Ces déchets sont transformés en produits réutilisables, générant ainsi des revenus pour les collecteurs locaux. Cependant, ces actions positives sont éclipsées par les préoccupations croissantes concernant l’impact global de ses activités.
La controverse soulève des questions fondamentales sur le modèle de développement adopté dans les régions riches en ressources naturelles comme Moanda. Alors que Perenco défend sa réputation et ses pratiques, la société civile et les défenseurs de l’environnement insistent sur la nécessité d’une transparence accrue, d’une surveillance rigoureuse et d’un engagement réel envers le bien-être des communautés locales et de l’écosystème fragile de Moanda.
L’affaire Perenco à Moanda illustre un dilemme global entre développement économique, protection de l’environnement et responsabilité sociale. Il met en lumière la complexité des relations entre les entreprises extractives et les communautés locales, soulignant l’urgence d’une approche équilibrée qui garantisse à la fois la prospérité économique et le respect environnemental. La résolution de ce conflit potentiellement dommageable est cruciale non seulement pour Moanda, mais aussi comme exemple pour d’autres régions confrontées à des défis similaires à travers le monde.
La rédaction