Kinshasa : Une érosion situer a Laloux révèle une faillite écologique et politique

Kinshasa, 3 mai 2025 – Les quartiers Bangu et Punda, nichés dans les collines vulnérables de Ngaliema, sont de nouveau le théâtre d’un désastre évitable.

La coulée dévastatrice de terre et de débris le long de l’avenue Laloux, aggravée par les fortes pluies du 1er mai, n’est pas seulement une tragédie humaine – c’est un réquisitoire contre l’indifférence des autorités. Mais au-delà de l’émotion, il faut comprendre les racines profondes de cette catastrophe, à la fois géologiques, climatiques, sociales et institutionnelles.Dans sa configuration naturelle, Kinshasa repose sur un sol sablonneux et fragile, particulièrement sujet à l’érosion hydrique. Lorsqu’il pleut abondamment – comme c’est de plus en plus le cas sous l’effet du changement climatique – l’eau ruisselle sur les versants non protégés, emportant progressivement les couches superficielles du sol. Si cela n’est pas freiné par des ouvrages de canalisation ou une couverture végétale suffisante, l’érosion prend une tournure catastrophique.

Le drame de Laloux est typique : une urbanisation anarchique, une absence totale de plans d’aménagement du territoire, des constructions sur des zones à risque… et en face, un vide abyssal de gouvernance. On savait depuis 2015 que ce flanc de colline était instable. Il y a 10 ans, la même zone avait déjà vu s’effondrer un poste de police et des maisons. Rien n’a été fait. L’État congolais, représenté ici par la commune de Ngaliema et son bourgmestre, s’est contenté de promesses et d’engins chinois désormais rouillés, abandonnés depuis janvier dernier. La population de cette partie de kinshasa ne réclame pas la lune : elle demande juste des canalisations, des murets de soutènement, une politique cohérente de construction. Pourtant, c’est le silence des autorités qui résonne plus fort que les glissements de terrain. Aucun plan d’urgence, aucune cellule de crise, aucune visite officielle post-catastrophe n’a été annoncée au moment où nous écrivons ces lignes.

Les bourgmestres et ministres en charge de l’aménagement urbain et de l’environnement doivent répondre d’un fait incontestable : leur inaction tue. À Bangu comme à Punda, chaque saison des pluies devient un jeu de roulette russe pour les habitants. Des familles entières vivent dans la peur, sachant que la terre peut céder sous leurs pieds à tout moment. La catastrophe actuelle a emporté des habitations, mais aussi menacé une boulangerie – source de revenus – et un poste de santé, pourtant vital pour une population qui vit déjà en marge du système de soins. C’est la double peine : les Kinois sont vulnérables non seulement aux caprices de la nature, mais surtout à la négligence de ceux qui devraient les protéger.l faut le dire clairement : ce genre de catastrophe est évitable. Des villes comparables à Kinshasa dans d’autres pays tropicaux ont réussi à stabiliser leurs quartiers sensibles grâce à :

  • Une cartographie des zones à risque,
  • Des programmes de reboisement et de couverture végétale,
  • La construction systématique de caniveaux et de drains pluviaux,
  • La réglementation stricte des permis de construire.

Mais cela nécessite volonté politique, moyens financiers, et respect de l’expertise scientifique. À Kinshasa, ces trois éléments semblent manquer cruellement. Et pendant que les technocrates débattent, les Kinois paient de leur vie. L’érosion de Laloux n’est pas une fatalité naturelle : c’est le fruit d’un abandon politique prolongé. Tant que les autorités locales continueront à traiter les crises environnementales comme des événements isolés et non comme les symptômes d’une gouvernance déficiente, les catastrophes se succéderont… et la population continuera à crier dans le vide.

Par kilalopress

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