Le Ministère de l’Agriculture et de la Sécurité Alimentaire, en partenariat avec le Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe (COMESA), a organisé du 26 au 27 février 2025 un atelier de sensibilisation sur les législations et réglementations relatives aux semences. Cet événement visait à renforcer la gouvernance du secteur semencier en République Démocratique du Congo (RDC) et à harmoniser son cadre juridique avec les standards régionaux. Au terme des travaux, une feuille de route a été adoptée pour assurer le suivi et la mise en application des réformes proposées.
Lors de son intervention, Mobula Victor, directeur du système d’analyse stratégique et de gestion des connaissances au ministère de l’Agriculture et professeur d’économie agricole à l’UNIKIN, a dressé un tableau préoccupant du secteur agricole en RDC. « Nous disposons de 80 millions d’hectares de terres arables, dont seulement 10% sont exploités. De plus, seulement 5% des ménages agricoles utilisent des semences améliorées et 4% des engrais, ce qui est très insuffisant », a-t-il expliqué.

Ce faible usage des intrants agricoles a des conséquences directes sur la production et la sécurité alimentaire. Actuellement, 27 millions de Congolais souffrent d’insécurité alimentaire et 42% des enfants de moins de cinq ans présentent un retard de croissance. « Il est urgent d’organiser le secteur agricole et d’améliorer l’accès aux semences de qualité pour renforcer la productivité », a insisté le professeur Mobula. L’atelier a mis en lumière la nécessité d’harmoniser les législations semencières nationales avec les normes régionales du COMESA. Selon le Ministre d’État, Ministre de l’Agriculture et de la Sécurité Alimentaire, Grégoire Mutshail Mutomb, cette harmonisation facilitera la circulation transfrontalière des semences et améliorera leur qualité grâce à l’application de normes communes en matière de certification et de contrôle phytosanitaire. Elle permettra également de réduire les coûts de production et d’ouvrir de nouvelles opportunités d’exportation pour les semences produites en RDC.

Au terme des discussions, les participants ont adopté une feuille de route comportant des actions concrètes pour la mise en application des recommandations de l’atelier. L’une des mesures phares est la création d’un secrétariat technique chargé de suivre le processus avec le Parlement. Ce comité restreint, composé d’experts, de partenaires et d’acteurs privés, aura pour mission de définir les termes de référence et de proposer la liste des membres pour validation par le Ministre d’État. Dans son discours de clôture, le Ministre d’État a confirmé la mise en place imminente de ce secrétariat technique, qui sera dissous dès la promulgation de la loi semencière. Il a désigné le professeur Mobula comme interface pour appuyer le secrétariat général de l’Agriculture dans ce processus. « Nous devons agir rapidement pour garantir l’adoption et l’application effective de la loi sur les activités semencières, qui est actuellement en attente de validation par le Parlement », a-t-il déclaré. Il reste désormais à assurer la mise en œuvre effective de ces engagements pour transformer les ambitions en réalités concrètes.
Par kilalopress