Kinshasa, 22 avril 2025. La salle de conférence de la CENCO résonnait d’un souffle nouveau ce mardi matin, à l’occasion d’un événement à la croisée de la foi et de l’urgence écologique. Dans une atmosphère à la fois recueillie et engagée, s’ouvrait l’atelier de formation des formateurs en écologie intégrale, à l’initiative de la Commission Épiscopale pour les Ressources Naturelles (CERN-CENCO). Une démarche profondément ancrée dans l’esprit de Laudato Si’, l’encyclique du pape François, qui célèbre cette année ses dix ans.
Dès les premières heures, les participants venus de plusieurs differentes structures ont été accueillis dans une ambiance de prière et de méditation, marquée par un moment de silence en hommage au défunt père Freddy, figure respectée du clergé. Cette ouverture spirituelle donnait le ton : ici, l’écologie n’est pas qu’un engagement environnemental, mais aussi une mission de foi. Madame Jeanne-Marie Abanda, secrétaire exécutive de la CERN-CENCO, a pris la parole pour planter le décor. « Cette formation n’est pas seulement une activité académique, elle est une réponse à l’appel du Saint-Père. Nous célébrons 10 ans de Laudato Si’ et nous nous réunissons aujourd’hui, le 22 avril, Journée internationale de la Terre. Ce n’est pas un hasard. » a-t-elle souligné, avec une conviction calme mais ferme.
À travers cette formation, l’Église veut préparer des formateurs en écologie intégrale capables de devenir des vulgarisateurs dans leurs milieux respectifs, en RDC mais aussi au Cameroun, au Congo-Brazzaville, en Centrafrique, au Gabon et en Guinée équatoriale. Un programme à dimension régionale, soutenu notamment par le Réseau Ecclésial des Bassins du Congo (REBAC) et le Mouvement Laudato Si’.La présentation du programme de la journée et des différents participants a donné le coup d’envoi d’un véritable parcours intellectuel et spirituel. Les interventions se sont succédé, chacune abordant un pan essentiel de la crise écologique actuelle : presentation du Pourquoi célébrer Laudato Si’ ?
Animée par le coordonnateur régional du REBAC, cette session a rappelé la portée prophétique de l’encyclique et l’urgence d’incarner ses principes dans les réalités africaines.

Quels outils pour former en écologie intégrale ? Jeanne-Marie Abanda a ensuite présenté le manuel des formateurs, conçu pour unifier le langage et les méthodes au sein de l’Église d’Afrique centrale.Climat, forêts, et bien-être communautaire
L’expert Jean-Jacques Bambuta, du ministère de l’Environnement, a passionné l’auditoire avec une intervention sur la gestion durable des forêts, les tourbières, les crédits carbone et la justice environnementale. Quid de Déchets, énergie, eau et minerais : les piliers du futur congolais
Les interventions suivantes ont dessiné une écologie intégrale à visage humain : de la gestion des déchets, à la promotion des énergies renouvelables, sans oublier les enjeux liés aux minerais critiques et à l’accès à l’eau potable. Autant de défis où l’Église catholique est appelée à jouer un rôle de médiateur et moteur de transformation. À travers cette formation, la CERN-CENCO espère que les participants deviendront les ambassadeurs d’un changement structurel, au sein de leurs communautés, dans les institutions et même jusqu’à la COP30, où les peuples du Sud espèrent enfin peser sur les décisions mondiales. « Le gouvernement ne pourra réussir seul. La communauté doit être impliquée. Et l’Église a un rôle d’éveil, de mobilisation, et de proposition », a insisté Jeanne-Marie Abanda. Cette premiere journée de formation aura été bien plus qu’un simple atelier : une prise de conscience collective, un appel à l’unité pour la planète, une main tendue entre foi, science et société civile. Alors que les prochaines sessions s’annoncent tout aussi riches, une chose est sûre : depuis Kinshasa, souffle désormais un vent nouveau pour l’écologie intégrale en Afrique centrale.
Par Franck zongwe Lukama