Kinshasa : Greenpeace et les OSC du bassin du Congo lancent l’offensive climatique avant la COP30

Kinshasa, 30 octobre 2025 — À deux semaines de la 30ᵉ Conférence des Parties (COP30) prévue à Belém, au Brésil, la capitale congolaise s’est transformée en carrefour de la diplomatie climatique africaine. Sous l’impulsion de Greenpeace Afrique, les organisations de la société civile (OSC) des six pays du bassin du Congo se sont réunies pour une conférence régionale historique, autour d’un mot d’ordre fort : « Du dialogue à l’action – Construire un front régional uni pour le climat, les forêts et la gouvernance. »

La rencontre, ouverte par Marie Nyange Ndambo, ministre de l’Environnement, du Développement durable et de la Nouvelle économie du climat, s’inscrit dans une dynamique d’unité et de riposte face à l’urgence écologique. Devant une salle comble, la ministre a rappelé que le bassin du Congo, qui renferme le deuxième plus grand massif forestier au monde après l’Amazonie, est « un trésor menacé, mais aussi une clé pour la survie de la planète ».

« Cette conférence est bien plus qu’un événement : c’est le reflet d’une mobilisation collective, d’une conscience partagée et d’une volonté ferme de bâtir un avenir juste, durable et souverain pour nos peuples et nos forêts », a-t-elle déclaré avec émotion.

Pour la ministre, les forêts congolaises, qui abritent environ 60 % du couvert forestier du bassin, représentent non seulement un pilier écologique, mais aussi un symbole de souveraineté et d’identité pour les peuples autochtones et les communautés locales. Elle a insisté sur la nécessité de passer du dialogue à l’action, tout en appelant à une gouvernance climatique plus inclusive et équitable.

Autour de Greenpeace Afrique, les représentants du Cameroun, du Gabon, du Congo, de la Centrafrique, de la Guinée équatoriale et de la RDC ont convenu d’élaborer une « Déclaration de Kinshasa », un document stratégique qui portera la voix du bassin du Congo à la COP30.
L’objectif est clair : défendre les droits des communautés locales, exiger une répartition équitable des financements climatiques, et dénoncer l’hypocrisie des grandes puissances pollueuses.

« Tous les pays du bassin du Congo partagent les mêmes défis : la faiblesse des cadres légaux, la pression des multinationales, et l’héritage colonial de l’exploitation des ressources », a déploré Georges Milumbu, coordonnateur pays de Greenpeace Afrique.
« Il est temps que les grands pollueurs paient leur dette écologique », a-t-il martelé.Pour les délégués venus du Cameroun et de la Centrafrique, cette rencontre dépasse le simple cadre d’un plaidoyer institutionnel.
Jeanne Bilowa, présidente de l’Association culturelle pour le développement des Bayele, a rappelé que « le changement climatique ne concerne pas seulement les peuples autochtones, mais l’humanité tout entière ».
Quant à Saint Jérôme Sitamon, représentant la société civile centrafricaine, il a appelé à une COP30 des forêts du bassin du Congo, estimant que « la société civile doit influencer les politiques publiques » et non plus rester spectatrice. Les travaux déboucheront sur la Déclaration de Kinshasa 2025, un texte d’engagement qui servira de feuille de route collective pour Belém.
Ce document entend réclamer une gouvernance transparente, la reconnaissance des droits coutumiers, un accès direct aux financements pour les communautés locales, et une transition vers des modèles de développement basés sur l’agroécologie, la reforestation communautaire et les emplois verts.

La ministre Marie Nyange a promis de porter cette voix dans les arènes internationales, affirmant que la RDC s’engage à intégrer les recommandations des OSC dans ses politiques publiques.
Les OSC du bassin du Congo, longtemps marginalisées dans les négociations internationales, s’imposent désormais comme un acteur central de la gouvernance environnementale. À travers cette mobilisation, c’est tout un continent qui cherche à reconquérir la parole et l’action face à l’injustice climatique mondiale.
Belém pourrait bien devenir, si les engagements sont tenus, la COP des forêts du bassin du Congo et avec comme Kinshasa, son point de départ.

Par kilalopress

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