Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo, est confrontée à une crise de plus en plus inquiétante. Un triangle mortel se dessine dans les rues de la ville, composé de l’insalubrité, des embouteillages monstres et des constructions anarchiques. Ces phénomènes, devenus des fléaux quotidiens, compromettent non seulement la qualité de vie des habitants, mais menacent également la sécurité publique et l’intégrité du pays.
Le 10 décembre 2024, lors de son intervention à l’Assemblée nationale, le député Augustin Matata, ancien Premier ministre et président de la commission Ad hoc sur les questions d’assainissement et d’urbanisation, a tiré la sonnette d’alarme : « L’insalubrité, les embouteillages et les constructions anarchiques tuent à Kinshasa ». Selon lui, ces problèmes sont désormais des questions de sécurité nationale, tant les conséquences, parfois dramatiques, affectent la population de manière exponentielle.
L’insalubrité est un problème majeur à Kinshasa. Le manque de gestion des déchets, l’absence de systèmes d’assainissement modernes et la vétusté des infrastructures d’eau et d’assainissement entraînent une accumulation de détritus dans les rues, favorisant la prolifération des maladies. Cette situation a des répercussions directes sur la santé publique, avec des épidémies fréquentes de choléra, de typhoïde et d’autres maladies liées à l’eau. Les habitants de la capitale, notamment dans les quartiers populaires, sont quotidiennement confrontés à cette pollution généralisée. Le manque de moyens pour une gestion efficace des déchets et l’absence de politique publique cohérente sont des facteurs aggravants.
Parallèlement, les embouteillages à Kinshasa ont atteint des proportions insoutenables. Une capitale de plus de 15 millions d’habitants, avec des infrastructures souvent inadaptées et une circulation chaotique, est un terrain propice à l’engorgement. Les routes sont saturées, et les déplacements quotidiens deviennent un véritable calvaire pour les habitants. Les retards accumulés, les heures perdues dans les bouchons, ajoutent non seulement à l’épuisement des Congolais, mais créent aussi un environnement propice aux accidents de la route, souvent mortels. De plus, cette situation impacte gravement l’économie locale, limitant la productivité et ralentissant la croissance dans un pays déjà fragilisé par des défis structurels.
La question de l’urbanisation anarchique à Kinshasa est également au cœur des préoccupations. Les constructions illégales et non conformes aux normes urbanistiques sont omniprésentes. Des quartiers entiers se sont développés sans planification, avec des bâtiments parfois construits sur des terrains inappropriés, sans accès aux infrastructures de base, ni systèmes d’assainissement ou d’approvisionnement en eau potable. Cela aurait des conséquences dramatiques sur la sécurité des habitants. Les maisons précaires, construites dans des zones inondables ou instables, exposent la population à des risques accrus lors de catastrophes naturelles telles que les fortes pluies, et à des effondrements parfois tragiques.
Le rapport de la commission Ad hoc, mis en place pour suivre la question de l’assainissement et de l’urbanisation à Kinshasa, fait état de dizaines de morts déjà enregistrés et met en garde contre les risques accrus d’épidémies et de catastrophes. Pour Augustin Matata, ces trois fléaux forment un véritable « triangle de la mort » qui met en danger la vie des habitants de la capitale. Les responsables politiques et les autorités locales ont beau être conscients de la situation, la non-application des lois et l’absence d’une gouvernance efficace aggravent la crise. Il est urgent de mettre en place une politique publique rigoureuse, de revoir les plans d’urbanisation et de renforcer les infrastructures d’assainissement et de transport.
Par kilalopress