Haut-Uélé : Démolitions forcées, corruption et exil interne – Quand la mine d’or devient un cimetière de droits humains

Kilimalande (RDC), 09 mai 2025 – Une fois de plus, les dessous sombres de l’industrie extractive en République Démocratique du Congo éclaboussent la dignité humaine. Dans une lettre bouleversante adressée aux plus hautes autorités du pays ainsi qu’aux grandes organisations internationales de défense des droits humains — dont une copie a été réservée à KilaloPress — un collectif de citoyens du territoire de Watsa (Haut-Uélé) dénonce de graves violations, attribuées aux forces provinciales, au chef de secteur de Kibali, et à la société Kibali Gold Mines, l’une des plus puissantes compagnies minières opérant en Afrique centrale.

Selon les plaignants, plus de 1 200 ménages ont été brutalement expulsés, sans préavis, ni compensation adéquate, et avec un usage de la force rappelant des opérations militaires. Plusieurs morts, des blessés graves, des cas de harcèlement psychologique et d’intimidation raciste sont rapportés. Le chiffre est accablant : près de 41 millions de dollars d’indemnisation détournés, accusent les victimes, pointant du doigt des responsables locaux et Monsieur Dieudonné Surur, chef de secteur.

Ce drame, passé sous silence par les canaux officiels, évoque une dynamique bien connue en Afrique : celle de la collusion entre l’État et les multinationales minières, au détriment des populations locales. Sous prétexte de développement économique, l’extraction minière devient le théâtre de ce que certains experts appellent aujourd’hui un écocide social et environnemental.

Le paradoxe est saisissant : alors que le sous-sol de Kibali regorge d’or, les communautés autochtones y vivent dans la peur, la pauvreté et l’exil intérieur. Plus de 550 familles vivent encore dans les ruines de Mégé, exposées à des violences constantes. Celles déplacées à Kilimalande survivent dans des conditions précaires, abandonnées par un État censé les protéger.

Cette réalité, malheureusement, n’est pas unique. Elle illustre un modèle extractiviste violent, que la RDC partage avec de nombreux pays du Sud global. Ce modèle privilégie les intérêts économiques immédiats d’acteurs privés, souvent étrangers, au détriment des droits humains, de la souveraineté foncière, et de la justice sociale.

Le silence des institutions locales, voire leur complicité, démontre l’effondrement des mécanismes de protection des droits fondamentaux. La demande formulée par les victimes est claire : une enquête indépendante, des sanctions contre les auteurs, et un dédommagement équitable. Elle appelle à un sursaut de la société civile, des médias, et de la communauté internationale.

Il est impératif de rappeler que les droits environnementaux sont des droits humains. Détruire un village, déplacer des familles sans base légale, détourner des fonds d’indemnisation, revient à condamner des centaines de personnes à une mort lente, dans l’impunité.

Ce cri venu de Kilimalande ne doit pas se perdre dans les archives d’un ministère ou les courriels sans réponse des ONG. Il doit réveiller les consciences et les responsabilités, car dans l’ombre de l’or, ce sont des vies humaines qu’on piétine. Il est temps d’exiger un modèle minier responsable, fondé sur latransparence, la justice sociale, et le respect des droits humains.Les ressources de la RDC ne doivent plus être une malédiction pour ses citoyens, mais une promesse de dignité partagée.

Par Cedric Muteya

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