L’enclave de pêche de Kyavinyonge, située sur la côte nord-ouest du lac Édouard, est devenue le théâtre de nouvelles tragédies liées à la divagation d’éléphants, une menace grandissante pour les communautés locales. Après la mort d’une femme en début de semaine, un homme d’une cinquantaine d’années a été tué samedi dernier par un éléphant alors qu’il travaillait dans son jardin au quartier Muhindo, dans la chefferie de Bashu, à Beni, au Nord-Kivu.
Ces attaques, qui surviennent à quelques jours d’intervalle, plongent la population locale dans l’inquiétude. En particulier les agriculteurs, déjà vulnérables, qui voient leur sécurité menacée par l’incursion de ces pachydermes. Les habitants de Kyavinyonge, un village frontalier du parc des Virunga, craignent que ces drames ne deviennent une norme.
Les attaques d’éléphants en divagation ne sont pas un phénomène isolé, mais un problème récurrent qui s’aggrave. Dans cette région, les éléphants quittent régulièrement les limites du parc national des Virunga, cherchant nourriture et eau dans les villages environnants. Si les autorités du parc se battent pour préserver la biodiversité exceptionnelle de la zone, ces incursions mettent en péril la vie des habitants. Les agriculteurs, qui dépendent entièrement de leurs récoltes, se retrouvent pris en étau entre la nécessité de cultiver leurs terres et la menace constante d’attaques animales.
“Les éléphants ont détruit nos champs, et maintenant ils nous tuent”, témoigne un agriculteur du coin. “Nous n’avons aucune protection. Nous sommes laissés à la merci de ces animaux sauvages.”
Face à cette montée en puissance des attaques, la société civile de Kyavinyonge lance un appel pressant aux autorités compétentes pour qu’une solution urgente soit mise en place. Parmi les mesures proposées, l’installation d’une clôture électrique entre le parc des Virunga et les zones habitées pourrait offrir un premier rempart contre ces incursions, tout en protégeant l’intégrité écologique du parc. Une solution similaire a déjà été adoptée dans d’autres régions confrontées à des problèmes similaires et a permis de réduire significativement les confrontations. Malekani, un représentant de la société civile locale, souligne l’urgence d’agir : “Nous demandons à l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) de prendre des mesures immédiates. Il est temps de protéger la vie humaine avant que d’autres vies ne soient perdues.”
La question des incursions d’éléphants révèle un défi de taille pour la gestion de la faune dans les zones protégées. Le parc national des Virunga est un joyau écologique, abritant une biodiversité exceptionnelle, y compris des espèces emblématiques comme les gorilles de montagne. Cependant, la pression croissante exercée par l’expansion des zones protégées sur les terres cultivées des communautés voisines engendre des tensions. Les habitants, souvent relégués à la périphérie des espaces protégés, se sentent abandonnés et menacés. “Nous comprenons l’importance de préserver la faune, mais notre vie est en danger”, explique un autre habitant de Kyavinyonge. “Les autorités doivent trouver un équilibre entre la conservation et la protection de nos vies.”
Malgré les demandes pressantes de la société civile et des habitants, les autorités responsables de la gestion du parc, l’ICCN, n’ont pas encore répondu de manière concrète. L’absence de mesures immédiates, telles que l’installation de clôtures ou des actions de sensibilisation, aggrave la situation et laisse les populations locales dans l’incertitude. Cette attaque est la deuxième en moins d’une semaine, un triste bilan qui souligne la nécessité d’une intervention rapide et efficace. La cohabitation entre les populations humaines et la faune sauvage dans cette région délicate doit impérativement être repensée pour éviter d’autres pertes humaines.
Par kilalopress