Kanyabayonga, Nord-Kivu — Sous un ciel grisâtre et menaçant, le visage fatigué de Souzana Herimana se dessine à peine dans la poussière qui recouvre le chemin. Les marques de souffrance sont évidentes sur son corps affaibli : sa chemise déchirée laisse apparaître un torse nu, son regard est rempli de désespoir et ses mains serrent celles de son fils de deux ans, qu’elle a amené à CEPROMI. Son enfant, pâle et amorphe, est enveloppé dans une couverture usée, sa petite taille trahissant les signes alarmants de malnutrition.
L’angoisse dans les yeux de Souzana, les larmes roulant sur ses joues creusées, et la chaleure étouffante qui accentue encore plus la douleure des habitants de Kanyabayonga, un village dévasté par des années de conflits. Souzana Herimana, 35 ans, est une victime directe des violences qui ravagent le Nord-Kivu. Originaire de Bunagana, elle a fui les combats intenses entre les FARDC et le mouvement rebelle M23 soutenu par le Rwanda. Le conflit l’a poussée à abandonner sa maison et ses champs, cherchant désespérément un refuge pour elle et ses enfants. “Nous avons tout perdu en fuyant Bunagana. Mon fils souffre de malnutrition sévère, et nous avons à peine de quoi manger une fois par jour. La situation est désespérée,” raconte-t-elle, les yeux embrumés de larmes. Souzana incarne le désespoir de milliers de Congolais déplacés, forcés de quitter leurs terres à cause des violences et des instabilités persistantes.
Les conditions de vie dans le Nord-Kivu se sont considérablement détériorées en raison de ce conflit armé. La guerre entre les FARDC et le M23, a entraîné dans le nord-kivu des déplacements massifs de populations et la destruction des infrastructures essentielles. Kanyabayonga, Lubero, et bunagana, plusieurs autres villages dans cette province , illustrent parfaitement la dévastation. Les routes reliant ces villes sont en piteux état ; celles entre Lubero et Kanyabayonga sont particulièrement impraticables, ce qui entrave le transport de l’aide humanitaire et des fournitures vitales. La situation est exacerbée par l’absence de marchés fonctionnels et la défaillance des infrastructures de base, laissant les familles déplacées sans accès adéquat à la nourriture et aux soins médicaux.
Face à cette crise, les autorités locales et les organisations non gouvernementales (ONG) se battent pour offrir une aide, mais leurs efforts restent insuffisants pour couvrir les besoins croissants. Kambale Tuvere Josaphat, infirmier titulaire de la structure de santé locale, témoigne des défis auxquels il est confronté : “Nous avons reçu un soutien précieux de l’ONG Santé Plus, mais leurs ressources sont débordées. Nous avons besoin d’une aide supplémentaire de la part d’autres organisations humanitaires pour éviter une catastrophe encore plus grande.” Malgré les initiatives mises en place, telles que la distribution de nourriture et de soins médicaux, les besoins restent bien au-delà des capacités actuelles.
Jean-Pierre Kabongo, un leader communautaire de Kanyabayonga, exprime son désespoir face aux limites des interventions actuelles : “Les ressources sont insuffisantes pour faire face à l’ampleur de la crise. Les routes coupées et les marchés défaillants compliquent encore la distribution de l’aide.” Les défis incluent non seulement les infrastructures endommagées, mais aussi les limites des ressources disponibles. Les habitants ne font plus les champs et cela rend les conditions économiques difficiles et la guerre prolongée aggravent encore la crise alimentaire, rendant les efforts pour fournir une aide adéquate d’autant plus ardus.
L’histoire de Souzana Herimana et des milliers d’autres victimes est un appel urgent à l’action internationale. Pour résoudre cette crise, la population penses qu’il est impératif que la communauté mondiale renforce ses efforts et apporte un soutien constant. La solidarité et l’engagement continu sont essentiels pour offrir un avenir meilleur aux communautés du Nord-Kivu et pour aider les familles comme celle de Souzana à surmonter cette épreuve déchirante.
La redaction