Freetown, Sierra Leone – En plein cœur de la Sierra Leone, au milieu de ses paysages côtiers luxuriants, un tournant majeur se dessine dans la lutte pour les droits environnementaux en Afrique. Du 17 au 21 février 2025, activistes, experts juridiques et leaders de la société civile venus de tout le continent se sont réunis à Freetown pour une rencontre décisive qui pourrait redéfinir l’avenir de la gouvernance environnementale en Afrique.
Au centre de cet événement historique se trouve la Coalition ERA (Environmental Rights Action), un mouvement panafricain qui plaide pour l’adoption d’un cadre régional des droits environnementaux. Ce rassemblement, qui marque la fin d’une première phase stratégique, a pour but de définir une feuille de route ambitieuse sur cinq ans, visant à renforcer la démocratie environnementale, protéger les défenseurs de l’environnement et de la terre, et promouvoir des cadres juridiques plus solides permettant de tenir les gouvernements et les entreprises responsables des injustices environnementales.
Depuis plusieurs années, ERA œuvre sans relâche pour donner une voix aux défenseurs de première ligne et aux communautés affectées par la dégradation de l’environnement. Bien que des protections juridiques existent dans de nombreux pays africains, leur mise en œuvre reste trop souvent faible, tandis que l’espace civique se rétrécit sous l’effet des pressions politiques et corporatistes. Le besoin urgent d’un traité régional n’a jamais été aussi pressant.
Alfred Brownell, un des organisateurs clés de la réunion, a souligné l’importance de ce moment historique : « Cette rencontre marque un moment décisif pour les droits environnementaux en Afrique. Nous ne parlons pas seulement de politiques – nous bâtissons un mouvement qui garantira que les communautés africaines disposeront des outils juridiques nécessaires pour protéger leurs terres, leurs eaux et leurs moyens de subsistance. »

Lors de l’atelier, Maître Olivier Ndoole, participant et defenseur climatique engagé, a exprimé sa conviction que l’ERA représente un espoir tangible pour les défenseurs de l’environnement en Afrique. Selon lui, la plateforme ERA est essentielle pour renforcer l’impact des actions environnementales à travers des stratégies de plaidoyer, de lobbying et des études supplémentaires sur l’écosystème juridique et social africain. Il a également évoqué des démarches juridiques concrètes, telles que la demande d’avis consultatifs auprès des juridictions africaines, notamment la Commission africaine des droits de l’homme et la Cour africaine des droits de l’homme, pour renforcer la reconnaissance des droits environnementaux et la protection des défenseurs.
L’enthousiasme et la détermination des participants sont palpables tout au long de cette réunion, car il ne s’agit pas simplement d’une session de planification : c’est un acte de volonté collective des sociétés civiles africaines pour exiger une justice environnementale. Les décisions prises à Freetown marqueront le début des cinq prochaines années de plaidoyer et façonneront les politiques nationales tout en ouvrant la voie à un futur accord continental sur les droits environnementaux. Dans un contexte où les défis environnementaux se multiplient – déforestation, accaparement des terres, pollution et changement climatique – l’urgence d’agir n’a jamais été aussi pressante. À la fin de cette rencontre, l’ERA ressortira avec un mandat renouvelé, une coalition renforcée et une vision audacieuse pour un avenir où les droits environnementaux seront non seulement reconnus, mais activement appliqués à travers tout le continent.

Déclaration des Défenseurs de la Justice Environnementale et Climatique réuni à Freetown, Sierra Leone
Freetown, Sierra Leone, 20 février 2025
Nous, consortium soussigné des partenaires de la société civile africains et mondiaux réunis à Freetown, Sierra Leone,
Profondément préoccupés par le changement climatique et la destruction environnementale généralisée en Afrique, ses impacts sur les moyens de subsistance des communautés et les représailles subies par les défenseurs œuvrant pour lutter contre ces effets néfastes,
Engagés à contribuer à l’avancement de la démocratie environnementale en Afrique afin de garantir que les communautés affectées soient impliquées dans la prise de décisions concernant les politiques et les régulations pour lutter contre le changement climatique et les injustices environnementales,
Instruits par notre évaluation préliminaire réalisée en 2021 pour évaluer la mise en œuvre des droits environnementaux dans certains pays africains, et la nécessité de réaliser et de diffuser une évaluation plus complète des lacunes dans la mise en œuvre des droits environnementaux sur le continent afin d’éclairer les initiatives de plaidoyer et les processus décisionnels dans l’intérêt des communautés affectées,
Reconnaissant la nécessité d’adopter des stratégies fortes pour accélérer la mise en œuvre des droits environnementaux à travers le continent africain par des améliorations au niveau régional, sous-régional ou national, y compris celles qui renforcent la reconnaissance, la participation et la protection des défenseurs indigènes, des défenseurs de la terre et de l’environnement,
Notant l’absence d’un cadre continental pour guider les États sur l’application des droits environnementaux et la protection des défenseurs de la justice environnementale et climatique, ce qui sape les nombreux engagements des États au niveau régional et international pour promouvoir les droits environnementaux et la protection des défenseurs et des communautés,
Engagés à travailler avec les États et les organes régionaux, par un processus inclusif et participatif, en vue du développement d’un cadre continental sur les droits environnementaux et la protection des défenseurs de la justice environnementale et climatique,
Convaincus que ce cadre sur les droits environnementaux améliorera la reconnaissance et la mise en œuvre effective des droits environnementaux en Afrique, et aidera à surmonter les lacunes dans leur mise en œuvre à travers le continent,
Nous nous engageons à :
- Adopter un plan d’action quinquennal pour faire progresser ce processus continental dans l’intérêt des communautés, des défenseurs de la justice environnementale et climatique, et des générations futures,
- Réaliser des études de cas dans certains pays africains pour informer la conception de ce cadre continental.
Par kilalopress