Les inondations et érosions survenues à Kinshasa dans la nuit du 4 au 5 avril 2025 ont frappé la capitale congolaise de plein fouet, laissant derrière elles un bilan tragique : 33 morts, des centaines de familles dévastées et des infrastructures détruites. Pourtant, au-delà de ce drame humain, c’est une véritable incompétence des autorités provinciales qui est mise en lumière, un échec dans la gestion des crises répétées et des promesses non tenues.
Le dernier communiqué du ministère de l’Intérieur, daté du 6 avril, a révélé que les inondations ont particulièrement touché les communes de Mont-Ngafula, Ngaliema, Barumbu, Limete, Matete et Masina. Ce sont des dizaines de familles qui se sont retrouvées prises au piège dans les eaux de la pluie diluvienne, la vie de 33 d’entre elles étant tragiquement fauchée. Ces victimes sont les témoins silencieux d’un système administratif qui semble incapable de gérer les crises avec l’urgence et l’efficacité qu’elles nécessitent. La cellule de gestion de crise, mise en place sous la supervision du ministre de l’Intérieur Jacquemain Shabani, n’a été qu’un leurre. Si les autorités ont bien tenté d’organiser une évacuation et de fournir des abris temporaires, la réalité du terrain révèle des failles béantes dans l’organisation. Les évacuations, bien que mises en place en urgence, n’ont pas évité des scènes de panique et de chaos. De plus, les promesses d’assistance alimentaire et de soutien sont restées lettre morte pour de nombreuses familles.
Alors que la cellule de gestion de crise ne semble avoir apporté que des solutions provisoires et insuffisantes, d’autres ministères sont également pointés du doigt. Celui de l’Environnement, en particulier, qui a longtemps ignoré les avertissements concernant la mauvaise gestion des ordures et le manque d’entretien des canaux d’évacuation des eaux pluviales, se retrouve aujourd’hui face à des accusations d’irresponsabilité. Les ministères de l’Urbanisme et de l’Habitat, eux, ont permis la construction de logements dans des zones sensibles et inondables, sans respecter les normes de sécurité essentielles. Ils auraient dû, depuis longtemps, interdire ces constructions et prendre des mesures de relogement des populations, mais ont laissé la situation s’aggraver, au détriment de la sécurité de centaines de familles.
De nombreuses voix, parmi les victimes et les associations locales, dénoncent cette inaction gouvernementale. « Le gouvernement provincial nous a abandonnés. Nous avons perdu des membres de nos familles et nos maisons sont détruites. Où est l’aide ? Pourquoi la ville de Kinshasa est-elle laissée à l’abandon malgré toutes les promesses ? » témoigne Mbinga annuarite une mère de famille sinistrée de Masina. « Le gouvernement provincial a failli à sa mission, et nous demandons justice. » Cette catastrophe n’est malheureusement pas un cas isolé. Kinshasa vit dans un état d’urgence permanent, avec des infrastructures obsolètes et des services publics inexistants ou inaccessibles. La gestion catastrophique de cette crise par les autorités provinciales soulève une question fondamentale : comment un gouvernement qui échoue à protéger ses citoyens peut-il prétendre offrir un avenir stable à ses administrés ?

Les familles sinistrées ne demandent pas des paroles, mais des actes. Elles réclament des responsables qui sachent gouverner, qui anticipent les crises et non qui réagissent uniquement lorsqu’il est trop tard. Elles appellent à la démission immédiate des ministres de l’Environnement, de l’Urbanisme et de l’Habitat, ainsi que de la mairie de Kinshasa, pour leur incapacité notoire à protéger la population. Les appels à une réorganisation complète du gouvernement provincial sont de plus en plus pressants. Il est indéniable que l’inefficacité de ces responsables met en danger la vie des Congolais. Cela doit également faire réfléchir le président de la République, Félix Tshisekedi, quant à ses futurs choix gouvernementaux. Si les autorités provinciales, malgré leurs moyens et responsabilités, n’ont pas su protéger leurs citoyens, il est temps de reconsidérer leurs rôles au sein de l’administration nationale.
Pourtant, la réponse présidentielle, bien que saluée par certains, ne fait pas oublier la gestion défaillante du gouvernement provincial. Le Président Félix Tshisekedi, lors de sa visite du 7 avril, a promis son soutien aux sinistrés et a assuré que des mesures étaient prises pour les reloger. Cependant, ses propos ne font que souligner la défaillance de l’administration provinciale qui, elle, aurait dû prendre les devants pour éviter de telles tragédies. « Nous devons comprendre que ces catastrophes sont en grande partie dues à notre manque d’assainissement et à l’urbanisation incontrôlée. Ce n’est qu’en respectant les règles d’assainissement et en construisant sur des terrains appropriés que nous pourrons éviter ces drames », a déclaré le Président Tshisekedi, dans un appel à la responsabilité. Mais ces mots ne suffisent plus. Le temps des promesses est révolu. Il est désormais question d’agir avec rigueur et fermeté.

Les images des familles sinistrées de Kinshasa sont le reflet d’une population laissée à elle-même face à des autorités locales qui semblent plus préoccupées par leurs intérêts personnels que par la sécurité de leurs concitoyens. Ces victimes, ainsi que de nombreux habitants, exigent une justice qui ne soit pas seulement symbolique, mais réelle et tangible. L’incapacité du gouvernement provincial à gérer les problemes majeures de kinshasa tels que les inondations et la catastrophe qui en a découlé appelle à un changement de leadership. Kinshasa mérite mieux, et les Congolais méritent des responsables capables de gouverner avec compétence, prévoyance et bienveillance. L’échec des ministères concernés, notamment l’Environnement, l’Urbanisme et l’Habitat, ne doit plus être toléré. Si des mesures concrètes ne sont pas prises, le gouvernement provincial pourrait bientôt se retrouver sous la pression populaire, pour des raisons bien plus graves que des promesses non tenues.
Par Franck zongwe lukama