Kinshasa, le 21 septembre – Le spectacle s’est joué ce samedi sur le Boulevard du 30 Juin, où le gouverneur Daniel Bumba a pris part à une marche de sensibilisation organisée par l’ambassade des Pays-Bas. Sous le slogan “Zéro déchet”, cet événement a prétendu incarner une mobilisation collective pour un environnement plus sain. Cependant, derrière cette façade de bonne volonté, une question cruciale demeure : cette opération de nettoyage est-elle réellement une solution face à l’insalubrité endémique qui gangrène la capitale congolaise ?
L’image d’un gouverneur ramassant des déchets sur l’artère principale de la Gombe a sans doute eu pour but d’envoyer un message positif aux Kinois. L’ambassadrice des Pays-Bas, Angèle Samura, a salué cette initiative, soulignant que “si la Gombe est encore relativement propre, d’autres communes sont en piteux état.” Il est troublant de constater que l’événement s’est concentré sur une zone visuellement acceptable, laissant dans l’ombre des quartiers tels que Changu, Masina, Zandu ou Kasavu, qui ressemblent davantage à des décharges à ciel ouvert.
Pour les habitants de ces quartiers, la journée de nettoyage a été perçue comme une mascarade, une opération qui ne fait qu’effleurer les problèmes structurels d’insalubrité de la ville. Benjamin Mwamba, habitant et observateur attentif, note qu’à peine l’activité terminée, les déchets sont revenus comme si de rien n’était, soulignant ainsi le caractère éphémère de cette action.
Et que dire des politiques existantes en matière d’assainissement, qui semblent toujours tenir sur des béquilles ? Des projets ambitieux comme Kin Bopeto, pourtant doté de sommes colossales pour assainir Kinshasa, semblent aujourd’hui jetés aux oubliettes. À peine trois mois après l’installation du nouveau gouvernement, les promesses d’un président Félix Tshisekedi, qui avait placé l’assainissement des villes parmi ses priorités, semblent désormais reléguées au second plan par ses propres collaborateurs.
En effet, l’argument du changement de mentalité, évoqué par le gouverneur Bumba, semble résonner comme un écho vide. Les Kinois ont besoin de véritables programmes d’assainissement et d’équipement adéquat pour gérer leurs déchets, plutôt que de simples appels à la responsabilité individuelle. Le slogan “Kinshasa, Ezo Bonga” doit se traduire par des actions concrètes et des engagements durables, au lieu de rester une promesse en l’air.
Le besoin d’un plan d’action solide, impliquant les habitants de toutes les communes et pas seulement les zones visibles, se fait sentir. Une approche globale de gestion des déchets, qui prend en compte la diversité des réalités urbaines de Kinshasa, est essentielle pour garantir un environnement sain à tous. La Journée Mondiale du Nettoyage a mis en lumière l’urgence d’agir face à l’insalubrité de Kinshasa, mais elle a également révélé les insuffisances d’initiatives ponctuelles qui n’engendrent que des résultats temporaires. La ville a besoin d’un changement de paradigme, où les actions menées soient le fruit d’une véritable volonté collective et non d’un simple affichage. Kinshasa mérite mieux qu’un nettoyage de façade ; elle a besoin d’un engagement sincère pour un avenir durable.
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