Haut-Katanga : Extraction minière et transition juste, entre opportunité et crise

La transition énergétique mondiale, visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, impose une double exigence au secteur minier : réduire l’extraction de charbon tout en augmentant la production de minéraux critiques nécessaires aux technologies vertes.

Cette situation est particulièrement complexe en République Démocratique du Congo (RDC), où l’exploitation minière soulève des préoccupations majeures en termes de droits humains et d’impact environnemental. Emmanuel Boroto, activiste local, exprime l’inquiétude croissante des communautés : « La transition énergétique mondiale ne devrait pas se faire au détriment des populations locales. Nous voyons des terres dégradées et des rivières polluées tandis que les multinationales continuent de profiter des ressources sans investir suffisamment dans les infrastructures locales. La transition juste doit inclure une véritable compensation pour les communautés affectées. »

La transition énergétique implique une réduction drastique de la dépendance au charbon tout en favorisant l’extraction de minéraux critiques comme le lithium, le cobalt et le nickel, nécessaires pour les batteries et les panneaux solaires. Selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), la demande pour ces minéraux pourrait quadrupler d’ici 2040, créant une pression accrue sur les zones d’extraction, notamment en RDC.

Cependant, cette expansion minière pose des défis importants, surtout en matière de droits humains et de protection environnementale. Olivier Ndoole de l’ACEDH souligne ces défis : « Les normes de l’industrie minière sont souvent insuffisantes pour protéger l’environnement et les droits des travailleurs. En RDC, les projets miniers sont souvent entourés de controverses concernant les conditions de travail dangereuses et les impacts environnementaux. Une réforme des standards miniers et une application rigoureuse sont cruciales pour garantir une transition juste. La question de l’exploitation des minéraux stratégiques, notamment dans le Haut-Lomami, pose un sérieux problème. Il est nécessaire de revoir les normes juridiques et de s’assurer qu’elles sont adaptées à la réalité du terrain, où les multinationales semblent souvent avoir plus de pouvoir que les administrations locales, parfois corrompues ou mal informées. Pour une transition énergétique juste, il est impératif de respecter les droits des communautés locales, de protéger l’environnement et de lutter contre la corruption. Les politiques doivent être définies non seulement par les multinationales mais aussi par les besoins et les droits des populations locales. »

Jean-Pierre Mukendi, ingenieur en bois dans cette province, ajoute une perspective sur les conditions de travail : « Les travailleurs du secteur minier en RDC font face à des conditions précaires, avec peu de sécurité et des salaires insuffisants. Les plans de transition doivent inclure des mesures pour améliorer les conditions de travail et offrir des alternatives économiques aux communautés dépendantes du charbon et de l’extraction minière. »

La transition juste dans le secteur minier est un défi majeur, particulièrement en RDC où l’exploitation des ressources minérales est à la fois une opportunité économique et une source de graves inégalités et dégradations environnementales. Sophie Kasongo, économiste spécialisée en développement, conclut sur l’importance d’une gestion équilibrée : « L’expansion des mines de minéraux critiques présente des opportunités économiques, mais elle doit être gérée de manière à favoriser un développement durable et équitable. La RDC doit mettre en place des politiques de gestion des ressources qui bénéficient à la fois aux investisseurs et aux populations locales pour éviter de reproduire les injustices du passé. »

Pour que la transition énergétique soit véritablement juste, elle doit non seulement viser à réduire les émissions de carbone mais aussi garantir que les bénéfices économiques et sociaux soient équitablement partagés. Une approche intégrée, respectueuse des droits humains et de l’environnement, est essentielle pour réussir cette transition et construire une économie mondiale plus durable et équitable.

La Rédaction

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