RDC : Lac Kivu – Gaz Méthane, Les Habitants de Bulengo Exigent Leur Droit à l’Information et à la Participation Face au Silence Gouvernemental

La vente récente de blocs gaziers sur le Lac Kivu a intensifié les tensions entre le gouvernement congolais et les communautés locales. L’ACEDH (Alerte Congolaise pour l’Environnement et les Droits Humains) a joué un rôle crucial en informant les riverains sur l’exploitation du gaz méthane et en les encourageant à revendiquer leurs droits à l’information et à la participation.

Le gouvernement de la République Démocratique du Congo a récemment mis en vente 27 blocs pétroliers et 3 blocs gaziers situés sur le Lac Kivu. Selon des sources fiables, tous les trois blocs gaziers ont déjà trouvé preneur, et les nouvelles entreprises bénéficiaires se préparent à lancer leurs activités. Toutefois, cette décision a été prise sans consulter ou informer adéquatement les populations riveraines, en dépit des exigences légales. Conformément à la loi n° 15/012 du 1er août 2015 portant régime général des hydrocarbures en RDC et au décret du Premier ministre, le gouvernement est tenu de publier les appels d’offres dans le journal officiel et d’informer les populations concernées. Cependant, ces obligations n’ont pas été respectées, exacerbant les inquiétudes parmi les habitants.

Pour combler cette lacune, l’ACEDH a organisé des séances de sensibilisation à Minova et Kitembo, rassemblant une centaines des participants, dont des défenseurs de l’environnement, des leaders communautaires, des pêcheurs et des femmes. Au cours de ces réunions, plusieurs questions ont été soulevées pour clarifier les implications de l’exploitation du gaz : D’abord, il était crucial de déterminer la quantité totale de gaz vendue par le gouvernement. Les participants ont aussi voulu comprendre quels sont les revenus générés par cette exploitation et comment ils sont répartis. Les interrogations ont également porté sur les entreprises contractées pour l’extraction du gaz et leur expertise.

En outre, les participants ont discuté des avantages et des inconvénients potentiels de cette exploitation pour les communautés locales, des mesures mises en place pour éviter les détournements des fonds issus de l’exploitation, et de l’impact sur les activités de pêche, l’agriculture, l’eau et l’élevage. Jean-Pierre, un pêcheur de Minova, exprime son soulagement : « Nous ne savions pas comment cette exploitation allait affecter nos pêcheries. Grâce à l’ACEDH, nous avons maintenant des informations claires et nous savons comment nous protéger. »

Nzigire MBALIRE, une leader communautaire de Kitembo, ajoute : « Avant cette séance, nous étions laissés pour compte. Maintenant, nous avons les connaissances nécessaires pour participer aux discussions et demander que les bénéfices de l’exploitation profitent réellement à notre communauté. » L’ACEDH a également préparé les communautés à d’éventuelles batailles juridiques en faveur de leurs droits. Les participants ont été informés des articles de la nouvelle loi portant sur la protection et la responsabilité des défenseurs des droits de l’homme en RDC, ainsi que des processus de révision en cours. Lors de ces rencontres, une pétition a été massivement signée pour être adressée au Président de la République, Félix Tshisekedi, afin de revendiquer une meilleure transparence et une gestion plus équitable des ressources.

« Nous disons non à l’exploitation du gaz sans la participation des communautés riveraines au Lac Kivu. Au-delà du risque d’explosion, le gaz méthane est une ressource naturelle dont les retombées doivent être bénéfiques à la population, mais aussi le droit à l’information exige que cette population sache comment se déroule le processus de son exploitation, les impacts négatifs qu’il peut entraîner sur l’environnement et sur le plan social. À cela s’ajoute la nécessité d’élaborer un cahier des charges déterminant les avantages que la communauté peut attendre de cette exploitation du gaz », a déclaré Me Jovial Bakulu.

Par ailleurs, il a précisé que l’absence de « transparence et d’inclusion » des communautés locales dans le processus d’exploitation soulève des interrogations sur la nature des décisions prises par le gouvernement congolais. Les pêcheurs, par exemple, pourraient être contraints de limiter leur accès au lac, affectant ainsi leurs moyens de subsistance, tandis que le déplacement forcé des populations locales pourrait être envisagé sans qu’une indemnisation digne et équitable leur soit garantie. D’où la nécessité de préparer cette population aux différentes éventualités, insiste M. Bakulu. Pour ce faire, l’ACEDH appelle à l’élaboration d’un « cahier des charges » clair et détaillé qui, selon Me Jovial Bakulu, pourra préciser les avantages que les communautés peuvent espérer tirer de l’exploitation du gaz méthane. Cette démarche vise à garantir une gestion plus équitable et transparente des ressources naturelles, essentielle pour préserver les droits des populations locales et leur environnement.

Kilalopress

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