Après la manifestation des agents et cadres du MEDD, Bazaiba se noie et l’OGEFREM s’enflamme.
Kinshasa, 15 octobre – Un vent de révolte souffle contre la ministre Éve Bazaiba et son secrétaire général. Des agents et cadres en colère les accusent d’avoir détourné plus de 17 millions de dollars des crédits carbone, une somme astronomique qui soulève des questions sur la transparence et l’intégrité au sein d’un ministère censé protéger notre environnement. Cette discrimination flagrante engendre frustration et méfiance envers les autorités.
Dans la revendication de leurs droits aux saliares et primes, ces agents et cadres ont tenté à plusieurs reprises de solliciter un dialogue tripartite entre eux, la ministre Éve Bazaiba et le secrétaire général, mais leurs demandes ont été systématiquement ignorées. “Nous avons réclamé une rencontre pour discuter de nos droits, mais nos appels sont restés lettre morte”, explique un agent. Face à ce manque de communication, des manifestations à Kinshasa sont envisagées pour faire entendre leur voix et réclamer leurs droits.
C’est ainsi qu’hier, devant le bureau du secrétaire général, un scandale a été observé. Ces agents ont exigé des comptes, brandissant des drapeaux et des calicots proclamant leurs revendications, et dans leurs chants, on pouvait entendre. “Bazaiba voleuse !” Face à cette marée humaine, l’autorité n’a pas hésité à faire appel à la police pour disperser la foule. Résultat : plusieurs manifestants auraient été arrêtés, renforçant l’idée d’un pouvoir qui réprime plutôt que d’écouter. L’indignation gronde, et la colère des agents est plus que justifiée : comment peut-on tolérer une telle malversation au sein d’un ministère clé pour notre avenir ?
La ministre Éve Bazaiba a tenté de se justifier lors d’une sortie médiatique ratée sur Top Congo, déclarant que l’argent des crédits carbone “n’est pas à servir à la rémunération des agents, mais à renforcer leurs capacités”. Une tentative de communication désastreuse qui ne fait qu’ajouter à la controverse. Dans les faits, des documents récemment divulgués le 10 octobre 2024 indiquent que son secrétaire général a dépêché des agents de police judiciaire pour superviser le payement de la Retrocession Credit carbone, soulevant de sérieuses interrogations sur la transparence et l’intégrité au sein de son ministère.
Parallèlement, l’Office de Gestion de Fret Multimodal (OGEFREM) a également monté au créneau. Sur les ondes de Radio Top Congo FM, il a exprimé ses revendications concernant les taxes liées à la vente de produits à l’étranger et sa quote-part dans le partage du carbone. Ce mécontentement croissant n’est pas une simple coïncidence. Il illustre une cacophonie générale au sein d’un gouvernement qui semble perdre le contrôle de ses priorités.
Ce climat d’anarchie au sein des instances gouvernementales ne date pas d’hier. Depuis le 15 août 2023, l’organisation Actions pour la Protection et Promotion des Peuples et Espèces Menacés (APEM) avait appelle le ministère à s’ouvrir à toutes les parties prenantes, comme exige la loi et le processus REDD+, pour élaborer des stratégies durables en matière de gestion des forêts. Cela aurait permis à l’Etat congolais d’avoir un cadre complet et clair pour régir le marché carbone avec toutes les implications intersectorielles. Le ministère est censé travailler constamment en collaboration et en concertation avec les autres ministères dont les attributions peuvent avoir une incidence sur le secteur forestier, et impliquer également les autres acteurs, notamment le secteur privé économique et les organisations non gouvernementales. Malheureusement, cela n’a jamais été fait. C’est ce APEM avait demandé. Ces appels au dialogue ont été ignorés, laissant place à des décisions prises en solo, sources de tensions et de conflits.
Les organisations de la société civile soulignent que les outils et arrêtés élaborés sans consultation sont les véritables coupables de la cacophonie actuelle. La nécessité de clarifier le cadre réglementaire sur le carbone est plus pressante que jamais. Il est inacceptable que ce sujet crucial soit réduit à une simple question de carbone forestier.
La situation actuelle n’est pas seulement préoccupante, elle est scandaleuse. certaines sources interrogées par kilalopress pensent qu’il est temps de mettre fin à cette façon de gérer un secteur aussi important qu’est l’Environnement. Les voix qui s’élèvent aujourd’hui doivent être entendues et respectées. Hier, ce sont les agents qui ont revendiqué ; aujourd’hui, c’est OGEFREM qui fait de même. Les curieux se demandent maintenant qui sera le prochain. Dossier a suivre.
Par Franck zongwe lukama