Le Parc National de Virunga (PNVI), joyau de la biodiversité mondiale et inscrit au patrimoine de l’UNESCO, fait face à une dégradation sans précédent de ses écosystèmes, menaçant son avenir à court terme. Depuis la résurgence du conflit lié au groupe M23 dans la région du Nord-Kivu, plus de 300 hectares de forêt ont été détruits, principalement dans la zone de Kibati, un secteur clé du parc, révélant une crise environnementale qui va bien au-delà des simples effets du conflit armé.
Les conséquences de la guerre se mesurent non seulement en termes de vies humaines, mais aussi en termes de biodiversité perdue. « Le parc subit une pression énorme en raison de l’afflux massif de déplacés, mais aussi de l’exploitation illégale des ressources naturelles », explique Bienvenu Bwende, chargé de communication du PNVI. La situation est d’autant plus inquiétante que les activités humaines, telles que la coupe illégale de bois et la production de charbon, se sont intensifiées. Ce phénomène est exacerbée par les conditions de guerre, qui ont entraîné le déplacement de milliers de personnes cherchant des ressources pour leur survie.
Les déplacés, fuyant les zones de conflit, se trouvent souvent contraints de s’installer autour du parc et de recourir à des pratiques destructrices, telles que la coupe de bois pour le chauffage ou la construction. Toutefois, selon M. Bwende, le problème ne se limite pas à la seule présence des déplacés : « Il y a aussi des acteurs extérieurs qui profitent de la situation pour exploiter illégalement les ressources, utilisant des tronçonneuses et s’adonnant à la coupe de bois à grande échelle », explique-t-il.
L’ampleur de la destruction va bien au-delà de la simple recherche de combustibles par les populations déplacées. Des réseaux d’exploitation illégale de bois de chauffe, de charbon de bois et même de planches de construction s’organisent, profitant de la situation de chaos pour s’enrichir au détriment d’un écosystème fragile. En quelques mois, les hectares de forêt disparus sont un triste symbole de l’impact de la guerre sur l’environnement.
La coupe illégale de bois et la production de charbon de bois sont deux des principales menaces pesant sur le PNVI. Ces pratiques, déjà présentes avant le conflit, se sont amplifiées depuis que les zones périphériques du parc sont devenues plus vulnérables. Le parc national, qui abrite une richesse exceptionnelle de faune et de flore, est désormais une victime collatérale d’un conflit armé qui n’épargne ni les populations humaines ni les trésors naturels.
Les Virunga ne sont pas seulement un site protégé, mais un véritable sanctuaire pour la biodiversité, abritant des espèces uniques comme les gorilles de montagne, le bonobo et le lion d’Afrique. Ce parc, le plus ancien d’Afrique, regroupe une diversité d’espèces de mammifères, d’oiseaux et de reptiles, bien plus importante que celle de n’importe quelle autre aire protégée de la planète. Mais cette richesse naturelle est aujourd’hui sérieusement menacée par les activités humaines non régulées et l’instabilité politique qui fragilise le cadre de gestion du parc.
L’ampleur de cette menace exige une réponse urgente et coordonnée, à la fois nationale et internationale. L’UNESCO, les ONG environnementales et les autorités congolaises doivent se mobiliser pour assurer la protection de ce patrimoine mondial. Il ne s’agit pas uniquement de préserver la biodiversité, mais aussi de maintenir l’équilibre écologique de la région, vital pour les populations humaines qui dépendent des ressources naturelles du parc. Toutefois, une action internationale, associant les Nations Unies, les organisations écologiques et les bailleurs de fonds, est indispensable pour garantir la sauvegarde de ce parc emblématique. Une meilleure régulation de l’exploitation des ressources naturelles, couplée à une stratégie de gestion durable du parc, est essentielle pour freiner la perte de biodiversité. Mais au-delà de la préservation du parc, c’est aussi un appel à l’action pour la paix et la stabilité dans la région. Car tant que le conflit armé persiste, les zones protégées continueront d’être prises en otage, mettant en péril à la fois la vie humaine et la richesse écologique de l’Afrique centrale.
Par kilalopress