La Remise en Question du Paradigme du Développement, Une Critique de l’Approche REDD+ cas de delta du Niger et VIrunga en RDC

Dans le monde complexe du développement international, une nouvelle perspective émerge, remettant en question des décennies de pensée économique conventionnelle. Un article académique intitulé “From REDD+ to Development: A Call for Requisite Variety”, publié dans la revue “Forest Policy and Economics” en 2022, soulève des points critiques sur l’évolution de notre compréhension du développement et met en lumière les défauts potentiels de l’initiative REDD+ (Réduction des Émissions dues à la Déforestation et à la Dégradation des forêts).

Cette étude, réalisée par des chercheurs spécialisés dans les politiques forestières et le développement durable, offre une analyse approfondie des paradigmes de développement passés et présents, en se concentrant particulièrement sur l’approche REDD+ et ses implications pour les pays en développement.Voici le lien de l’article : https://s100.copyright.com/AppDispatchServlet?publisherName=ELS&contentID=S221146452400109X&orderBeanReset=true

L’article commence par une critique cinglante de ce qu’il appelle l'”Ère de l’Aide” (1944-1989). Pendant cette période, le développement était principalement perçu comme un processus économique. Cependant, cette vision s’est avérée simpliste et inadéquate. Les auteurs argumentent que le développement est en réalité le résultat de facteurs plus complexes tels que les droits, la démocratisation et le capital social. Pour illustrer leur point, les auteurs se penchent sur l’exemple fascinant de la gestion forestière au Népal au cours des 50 dernières années. Ils décrivent trois approches distinctes :

  1. La nationalisation
  2. La privatisation
  3. La communautarisation

De manière surprenante, les deux premières approches, souvent préconisées par les experts en développement, se sont révélées être des échecs retentissants. En revanche, la communautarisation a connu un succès remarquable et durable. Les auteurs proposent un cadre théorique novateur basé sur quatre formes fondamentales de solidarité sociale :

  • L’individualisme (ex : les marchés)
  • La hiérarchie (ex : les gouvernements et les donateurs d’aide)
  • L’égalitarisme (ex : les groupes militants)
  • Le fatalisme (ex : les personnes souffrant du “double fardeau” de la pauvreté et de l’exclusion sociale)

Selon eux, le développement véritable ne peut se produire que lorsque chacune de ces formes peut faire entendre sa “voix” et agir selon sa propre moralité ou “dharma”. L’article porte ensuite un regard critique sur l’initiative REDD+, un programme international visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à la déforestation. Les auteurs affirment, preuves à l’appui tirées d’exemples africains, que REDD+ est excessivement hiérarchique et ne satisfait pas aux conditions nécessaires pour un développement équilibré.

Pour illustrer leurs propos, les auteurs se penchent sur le cas du parc national des Virunga, situé en République démocratique du Congo. Ce parc, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, est au cœur des défis que pose la mise en œuvre de REDD+. L’analyse de cette situation met en lumière les tensions entre la conservation de la biodiversité, les besoins des communautés locales et les objectifs de réduction des émissions de carbone.

En plus du parc des Virunga, l’article évoque également la situation dans le delta du Niger. Ces deux cas d’étude servent à démontrer les complexités et les défis inhérents à l’application de REDD+ dans des contextes africains variés.

Bien que l’article soit sévère dans sa critique, il ne se contente pas de pointer du doigt les problèmes. Les auteurs concluent en proposant des pistes pour remédier aux défauts de politique qu’ils ont identifiés. Cette approche constructive est louable, car elle ouvre la voie à un débat productif sur l’avenir des politiques de développement et de lutte contre le changement climatique. Pour conclure leur analyse, les auteurs font écho à une citation puissante de Bob Dylan : “I was born a long way from where I was meant to be” (Je suis né loin de là où je devais être). Cette référence sert à illustrer de manière poignante comment REDD+ s’est éloigné de ses objectifs initiaux, se retrouvant coincé dans une approche hégémonique fermée alors qu’il devrait tendre vers une institution plus souple et inclusive.

Ce témoignage poétique renforce l’argument des auteurs selon lequel REDD+ doit évoluer pour atteindre son plein potentiel. Ils suggèrent qu’il existe plusieurs voies possibles pour que le sous-système politique de REDD+ puisse effectuer cette transition nécessaire vers une approche plus équilibrée et efficace. En conclusion, cet article académique nous invite à repenser fondamentalement notre approche du développement et de la conservation. Il remet en question des décennies de sagesse conventionnelle et propose un cadre théorique novateur pour comprendre les dynamiques complexes du développement durable. La critique de REDD+, illustrée par des exemples concrets comme le parc des Virunga et le delta du Niger, soulève des questions importantes sur l’efficacité des initiatives internationales actuelles en matière de climat et de développement. Il est clair que le débat sur ces questions est loin d’être clos. Cet article contribue de manière significative à la discussion en cours et pourrait bien influencer la façon dont nous concevons et mettons en œuvre les politiques de développement et de conservation dans les années à venir.

Par Franck zongwe Lukama

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