La République Démocratique du Congo, riche de ses ressources forestières, est à un tournant critique de son histoire environnementale. Alors que les forêts, essentielles à la biodiversité et à la régulation du climat, sont menacées par une gestion défaillante, l’Assemblée nationale semble enfin se réveiller. Le récent appel du député Mopasa Dhédhé à l’égard de Delphin Lama, Directeur général de l’Agence Congolaise de l’Environnement (ACE), n’est pas qu’une simple interpellation : c’est un cri d’alarme face à une gouvernance forestière chaotique, où l’opacité règne en maître.
Depuis sa création, l’ACE est supposée être le gardien de la biodiversité et de l’environnement en RDC. Pourtant, les interrogations soulevées par le député révèlent une institution aux abonnés absents. Combien de projets ont été évalués correctement ? Qui bénéficie réellement des certificats délivrés par l’agence ? Les réponses à ces questions sont non seulement absentes, mais semblent aussi cachées derrière un épais brouillard de corruption et de népotisme.
Les accusations de faux certificats d’études environnementales sont alarmantes. Deux responsables de l’ACE sont déjà en ligne de mire des instances judiciaires. Cette situation met en lumière un système où l’intérêt personnel prime sur la protection des ressources naturelles. Des entreprises, probablement bien connectées, semblent avoir obtenu des certificats en toute impunité, tandis que les communautés locales, qui subissent les conséquences de la déforestation, restent ignorées.
L’absence de transparence au sein de l’ACE n’est pas seulement une question d’incompétence : elle soulève des doutes sur la collusion entre des acteurs économiques et politiques. Les élus nationaux doivent se poser la question : qui tire vraiment les ficelles ? Des projets dont les impacts environnementaux sont discutables continuent d’être approuvés, créant ainsi un cercle vicieux où la préservation de la nature est sacrifiée sur l’autel du profit.
Le manque de suivi des projets, souligné par la demande de rapports d’évaluation, est révélateur d’une gestion laxiste. Loin de suivre l’application des normes environnementales, l’ACE semble plus préoccupée par la distribution de certificats que par la protection de l’environnement. Cela appelle à une réflexion sérieuse sur les véritables priorités des décideurs congolais.
L’interpellation de Delphin Lama doit être perçue comme une occasion en or pour remettre en question un système défaillant. Les enjeux sont trop importants pour être laissés entre les mains d’une élite coupée des réalités du terrain. Il est temps de revitaliser l’ACE, d’exiger des comptes et de garantir que les forêts de la RDC ne soient pas les victimes d’une administration laxiste et corrompue. Les élus, tout comme la population, doivent revendiquer une gestion plus responsable et transparente des ressources naturelles, car l’avenir de la biodiversité en dépend. La lutte commence ici et maintenant.
Par kilalopress