Depuis le mardi 28 mai dernier, le village de Lonshi, situé dans la province du Haut-Katanga, est le théâtre de manifestations bruyantes et persistantes. Les habitants, excédés par le manque de progrès et les conditions de travail précaires imposées par l’entreprise minière JCHX Sabwe Mining SARL, expriment leur mécontentement à travers des actions symboliques devant les locaux de la société.
Depuis trois ans, cette compagnie, succédant à la Compagnie Minière de Sakania (COMISA), n’a guère rempli ses engagements en matière de développement social. À Lonshi, l’eau potable reste un luxe, l’électricité est un rêve lointain, et les infrastructures de base comme les écoles et les hôpitaux brillent par leur absence. Pendant ce temps, une grande partie de la main-d’œuvre, selon des témoignages, est constituée de travailleurs zambiens, laissant les locaux marginalisés et discriminés.
Les mots sont durs. Le dramaturge congolais Katsh M’Bika Katende, également connu sous le nom de Monsieur Katsh, a souligné la déception amère des habitants de Lonshi. Il rappelle avec émotion les efforts passés de FQML/COMISA, qui avaient mis en place des initiatives de responsabilité sociétale bien plus robustes et respectueuses. « Qu’est-ce qu’on a fait de tout ce que nous avons construit ? », s’interroge-t-il, dénonçant un abandon flagrant des obligations sociales au profit d’une exploitation rapide et d’une indifférence désolante envers les travailleurs.

Le problème va au-delà de Lonshi. À l’échelle nationale, des scènes similaires se répètent dans d’autres mines congolaises, où les travailleurs locaux sont souvent évincés ou traités injustement au profit de mains-d’œuvre étrangères. Ce phénomène, loin d’être isolé, soulève des questions cruciales sur la véritable contribution des entreprises minières étrangères au développement durable et équitable des communautés congolaises.
Pendant ce temps, JCHX Sabwe Mining SARL reste muette face aux accusations, fermant ses portes en réponse aux manifestations et laissant les activités suspendues jusqu’à nouvel ordre. Cette attitude de repli contraste avec les normes de transparence et de responsabilité auxquelles toute entreprise opérant dans le secteur minier devrait adhérer.
L’impact de ces tensions dépasse les frontières de Lonshi. Il pose une question fondamentale sur la manière dont les richesses minières de la République Démocratique du Congo sont gérées et partagées. Alors que les bénéfices économiques circulent, les avantages sociaux et humains promis aux communautés locales restent souvent des mirages. La société congolaise, représentée par ses habitants et ses travailleurs, mérite mieux que des promesses vides et des conditions de travail dangereuses. Il est grand temps que les autorités, nationales et internationales, prennent des mesures concrètes pour garantir que l’exploitation des ressources naturelles profite véritablement à ceux qui en sont les véritables propriétaires : les Congolais eux-mêmes.
Cette affaire, loin d’être anecdotique, est un révélateur poignant des défis persistants auxquels le pays fait face dans sa quête d’un développement équitable et durable.
La rédaction