Lubumbashi : 400,000 Victimes de la Pollution Minière occasionnée par la société Ruashi Mining

Depuis plus d’un siècle, les mines de la ville de Lubumbashi, République Démocratique du Congo, ont façonné l’économie locale, attirant à la fois des richesses et des préoccupations environnementales majeures.

Ce vaste territoire d’Afrique centrale, surnommé « scandale géologique », regorge de minerais convoités mondialement.

Les critiques fusent cependant des ONG locales qui dénoncent une pollution croissante de l’eau, du sol et de l’air, attribuée principalement aux pratiques minières intensives. Un récent rapport conjoint de trois organisations non gouvernementales a mis en lumière les effets dévastateurs de l’exploitation minière sur les communautés riveraines de la mine à ciel ouvert de Ruashi. Les eaux usées, affirment les ONG, se déversent largement dans la rivière Luano, essentielle à l’irrigation des cultures locales, affectant directement environ 400 000 personnes.

Selon Christian Bwenda, coordinateur de l’ONG PremiCongo, la situation est alarmante. Les agriculteurs, jadis productifs, voient leur terre devenir acide, nécessitant l’usage accru d’engrais chimiques coûteux pour maintenir des rendements acceptables. Cette dépendance à des intrants polluants divise les agriculteurs, certains comme Mifie optant pour une solution coûteuse tandis que d’autres, comme Célestin, tentent de rester fidèles à une production biologique malgré des défis énormes.

Les conséquences sur la santé des habitants sont tout aussi préoccupantes. Thérèse Ngoy, enseignante locale, estime que la majorité des enfants souffrent de problèmes liés à la qualité de l’eau et à la poussière issue des mines. Des maladies de peau et des cas de malformations congénitales sont fréquemment rapportés, confirmant les craintes exprimées par Georges Mawine, ancien ministre des mines du Haut-Katanga.

Les responsables locaux de la santé environnementale, comme le professeur Arthur Kaniki de l’université de Lubumbashi, alertent sur les risques sanitaires graves associés à l’usage de l’eau contaminée. Malgré les mesures prises par Ruashi Mining, une filiale du géant chinois Jinchuan Group Ltd, pour améliorer la qualité de l’eau en partenariat avec Regideso, les critiques persistent. Les ONG reprochent à l’entreprise de ne pas partager suffisamment ses études environnementales avec les communautés locales, ce qui limite la transparence et la confiance des riverains.

Dans une réponse officielle à nos confrere de l’AFP, Elisa Kalasa, responsable du département social et communautaire de Ruashi Mining, défend les actions de l’entreprise tout en reconnaissant les défis restants. Pour Christian Bwenda et les ONG locales, ces efforts demeurent insuffisants. Ils appellent à une réglementation plus stricte et à des mesures drastiques pour minimiser l’impact environnemental et améliorer la qualité de vie des habitants de Lubumbashi.

La question des mines de Lubumbashi ne se limite pas à la richesse minérale, mais interpelle sur la responsabilité sociale et environnementale des entreprises minières opérant dans la région. L’avenir de centaines de milliers de personnes dépend d’une action concertée pour concilier développement économique et préservation de l’environnement dans cette région cruciale pour l’économie congolaise.

La Rédaction

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

mkaaji_mupya
gnwp
palmadoc
ACEDH
%d blogueurs aiment cette page :