Dans un village du secteur Lubuya Bera, en province de la Tshopo, une catastrophe environnementale prend forme sous nos yeux. La réserve forestière de Masako, autrefois un sanctuaire pour une biodiversité foisonnante, est désormais un territoire presque déserté, une scène de dévastation sans retour. Le cri d’alarme des défenseurs de l’environnement et des autorités coutumières retentit, mais personne ne semble entendre.
Déo Kandolo, le chef du village de Batiabongena, témoigne avec une profonde tristesse de la lente agonie de cette forêt autrefois luxuriante. « Quand j’ai été intronisé, la forêt était encore là, vibrante de vie. Mais aujourd’hui, il devient presque impossible de distinguer la frontière entre la réserve et la zone tampon. » À l’heure actuelle, la réserve de Masako est un véritable désert écologique.
Les coupables de cette disparition ne sont autres que les activités humaines, notamment l’agriculture itinérante pratiquée par les communautés locales, mais aussi l’exploitation illégale des ressources naturelles. Masako, qui s’étend sur 1 105 hectares, abritait jadis des arbres majestueux comme le Terminalia superba et le Pericopsis elata, des essences rares et précieuses. Mais aujourd’hui, ces géants ont disparu, laissant place à un paysage de terre nue. « Il n’y a plus d’arbres de valeur ici, tout est dévasté. Même les chenilles et les champignons ont disparu. Le soleil frappe désormais le sol sans aucune protection », déplore Kandolo.
Mais la destruction ne se limite pas à l’agriculture. La fabrication de braises, essentielle à la survie de certains habitants, a contribué de manière tragique à la déforestation. Des années de coupe abusive de bois de chauffe et de bois de construction ont vidé la forêt de ses ressources. Pire encore, les autorités locales, incapables de maintenir un contrôle effectif sur la situation, ont permis aux gardes forestiers de se livrer à l’exploitation du bois, poussés par des arriérés de salaire. « Les bois morts ont d’abord été utilisés, mais ils n’en ont plus trouvé. Alors, ils ont commencé à couper des arbres vivants », raconte le chef du village avec amertume.
Cette situation désastreuse n’a pas échappé à l’attention des autorités locales, mais les appels à l’aide semblent rester lettre morte. Depuis 2020, Kandolo alerte les responsables politiques et administratifs, mais ses rapports demeurent sans réponse. « J’ai informé les autorités, j’ai signalé la situation, mais il n’y a eu aucune suite. Je suis impuissant face à cette force destructrice », confie-t-il, visiblement découragé.
Aujourd’hui, la réserve de Masako est une zone morte, où la faune a disparu et la flore n’est plus que l’ombre d’elle-même. Ce qui était autrefois un pilier pour la biodiversité de la région, un havre pour de nombreuses espèces, est désormais un monument de négligence et de dégradation. L’ampleur de cette destruction n’est pas seulement un échec local, mais un avertissement pour toute la région.
Le déclin de la réserve forestière de Masako soulève une question cruciale : comment pouvons-nous prétendre protéger nos écosystèmes si les autorités, à tous les niveaux, restent indifférentes aux appels désespérés des communautés locales? La situation de Masako n’est que l’un des nombreux exemples tragiques de la déforestation qui frappe le pays, et il est plus urgent que jamais de repenser nos stratégies de conservation.
À l’heure où la planète fait face à une crise environnementale sans précédent, l’exemple de Masako rappelle avec brutalité l’importance d’agir rapidement. Si l’indifférence continue de régner, d’autres réserves forestières risquent de suivre le même chemin de désolation, menaçant non seulement la faune et la flore, mais aussi les moyens de subsistance de millions de personnes dépendant de ces écosystèmes pour leur survie. Le temps d’agir est maintenant.
Par kilalopress