Kinshasa, 29 octobre 2024 – La République Démocratique du Congo (RDC), riche en ressources naturelles, se trouve à un carrefour crucial dans la lutte contre les changements climatiques. Le rapport publié ce mardi par Ebuteli et le Groupe d’étude sur le Congo (GEC), intitulé Attentes et désillusion de financements climatiques en République Démocratique du Congo, met en lumière les immenses défis auxquels le pays est confronté dans ce domaine.
La RDC abrite 60 % des forêts tropicales du bassin du Congo, reconnues comme l’un des plus grands puits de carbone de la planète. De plus, elle détient d’importantes réserves de minerais stratégiques nécessaires pour la transition énergétique mondiale, tels que le cuivre, le cobalt et le lithium. Malgré ces atouts, la RDC peine à mobiliser des financements climatiques à la hauteur de ses besoins.ici le lien du rapport https://t.co/PJOwL4AmbJ
Alors que les pays développés ont réussi à mobiliser près de 116 milliards de dollars en 2022 pour soutenir les initiatives climatiques dans les pays en développement, la RDC n’a reçu qu’une fraction de ce montant. Le Fonds national pour la réduction des émissions provenant du déboisement et de la dégradation des forêts (Fonaredd), créé en 2012 pour faciliter les financements, n’a mobilisé que 750 millions de dollars à ce jour, dont 500 millions en lien avec le fonds CAFI (Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale). Le rapport souligne que ce déficit de financements, couplé à des oppositions concernant l’exploitation forestière et pétrolière, alimente un sentiment d’injustice et de complot international au sein de l’opinion nationale. Les attentes des Congolais en matière de compensations financières pour la préservation de leurs ressources naturelles restent largement insatisfaites.

Malgré son rôle potentiel en tant que “pays-solution” face aux changements climatiques, la RDC se classe parmi les pays les plus vulnérables à leurs effets. Le pays fait face à des enjeux tels que des inondations, des sécheresses et une insécurité alimentaire croissante, touchant plus d’un quart de sa population. Le rapport met également en avant que les besoins financiers pour la lutte contre les changements climatiques en RDC sont estimés à 48,68 milliards de dollars pour la période 2021-2030. Cependant, les flux financiers internationaux restent largement insuffisants.
Le rapport propose plusieurs recommandations pour améliorer la situation :
- Renforcer les réformes : Accroître la transparence et l’efficacité dans la gestion des finances publiques pour attirer davantage de financements climatiques.
- Lever le moratoire sur les concessions forestières : Permettre une exploitation régulée des ressources forestières tout en impliquant les communautés locales dans leur gestion.
- Soutien aux projets pétroliers responsables : Garantir que l’exploitation des hydrocarbures respecte les normes environnementales.
- Diversifier l’économie : Investir dans des industries de transformation qui favorisent la transition énergétique et créent des emplois durables.
- Réalisations d’études périodiques : Suivre les services climatiques et l’évolution de la déforestation pour prouver l’engagement du pays envers la lutte contre le changement climatique.
La RDC possède des atouts indéniables pour jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre les changements climatiques. Pourtant, sans des financements adéquats et des compensations à la hauteur des attentes, le pays risque de céder à l’exploitation de ses ressources naturelles au détriment de son environnement. Il est impératif que la communauté internationale reconnaisse le rôle vital de la RDC et soutienne véritablement ses efforts pour un avenir durable.
Par Franck zongwe lukama