Dans les terres fertiles de Lubero, au Nord-Kivu, un vent de renouveau souffle sur l’agriculture locale. Après deux décennies d’interruption, l’ONG International Center for Peace and Environment Protection (ICPEP), en collaboration avec l’INERA-Ndihira et le SENASEM/Nord-Kivu, a réussi un exploit remarquable : la résurrection des variétés de blé “CIMMYT Mexique”, longtemps oubliées dans la province.
Après deux années d’efforts intenses de multiplication et d’expérimentation à la station de l’INERA-Ndihira, 450 variétés de blé ont été mises au point, grâce à la persévérance et à la détermination de l’équipe de recherche. Mais cet accomplissement ne s’arrête pas là. L’ICPEP s’est engagé à étendre cette culture en province, avec un objectif ambitieux : impliquer plus de 80% des paysans locaux dans ce projet, guidés par une équipe technique d’ingénieurs agronomes et écologues.
Alors que de nombreux agriculteurs ruraux continuent de se tourner vers des méthodes archaïques et des variétés de semences obsolètes, l’ICPEP appelle à un changement radical. L’utilisation de semences améliorées est la clé pour stimuler la production locale et combattre la pauvreté dans la région.
La phase expérimentale de ce projet novateur a été marquée par une collaboration étroite avec les villages locaux, tels que Luotu, Kitsombiro, Kasugho et Luofu, afin de garantir une adaptation optimale des nouvelles variétés aux conditions écologiques de chaque zone.
Alain Manzekele, président du conseil d’administration de l’ICPEP, souligne l’opportunité que représente cette relance pour les populations locales. En favorisant l’adoption de pratiques agricoles plus modernes et commerciales, cette initiative vise à dynamiser l’économie locale et à offrir de nouvelles perspectives aux agriculteurs.
Mais l’ICPEP ne se contente pas de semer les graines du changement ; elle prévoit également d’introduire des méthodes agricoles mécanisées dans la région d’ici juin 2024. Cette transition vers une agriculture plus moderne promet non seulement d’augmenter la productivité, mais aussi de créer des opportunités d’emploi pour la main-d’œuvre locale.
Cependant, cette renaissance agricole n’est pas sans défis. La culture du blé avait été brutalement interrompue dans la région au début des années 2000 en raison de l’insécurité causée par les groupes armés, entraînant la fermeture de la Minoterie du Nord-Kivu (MINOKI). Aujourd’hui, malgré les obstacles, des initiatives locales telles que la Graineterie de Mulo (GRAMULO) tentent de raviver la production de semoules, ouvrant ainsi la voie à un avenir prometteur pour l’agriculture dans la région.
Dans ce paysage en mutation, l’ICPEP incarne l’espoir d’une nouvelle ère pour l’agriculture à Lubero, une ère de prospérité, de durabilité et de développement économique pour les communautés rurales.
La redaction