Les marchés congolais voient les prix des poissons importés de pays lointains comme la Norvège grimper en flèche, malgré les richesses aquatiques locales. Cette réalité interpelle sur l’absence de politique claire pour soutenir la pêche nationale, laissant les consommateurs perplexes face à des prix qui montent et des ressources locales inexploitées.
Au marché de liberté à la Tshangu, le prix d’un carton de poisson séché en provenance de la Norvège atteint désormais 171,000 francs congolais, une hausse significative par rapport aux niveaux précédents. Cette augmentation reflète non seulement une dépendance croissante vis-à-vis des importations, mais également une négligence persistante envers le potentiel des eaux intérieures congolaises.
Malgré la présence de lacs, de rivières et d’un fleuve abondamment poissonneux, la République Démocratique du Congo continue d’importer massivement des produits aquatiques. Les questions surgissent : pourquoi un pays avec de telles ressources doit-il se tourner vers l’étranger pour satisfaire ses besoins alimentaires de base ? Où est la politique de développement de la pêche qui pourrait non seulement réduire les coûts pour les consommateurs, mais aussi stimuler l’économie locale ?
Les défis sont nombreux. Le manque d’infrastructures adéquates pour la pêche industrielle, couplé à des politiques qui favorisent l’importation au détriment de la production locale, contribue à une situation où les ressources naturelles ne profitent pas à la population congolaise dans leur intégralité. Les initiatives visant à améliorer la conservation et la distribution des poissons locaux sont insuffisantes, tandis que les normes laxistes pour les produits surgelés importés alimentent une concurrence déloyale pour les pêcheurs locaux.
Une partie du problème réside également dans la gestion économique du pays. Tandis que les exportations de minerais dominent les revenus nationaux, d’autres secteurs comme l’agriculture et la pêche restent sous-investis. Sans une politique claire de soutien à l’industrie locale, l’économie congolaise risque de rester déséquilibrée, accentuant la dépendance à l’importation et les disparités sociales.
L’impact de cette situation dépasse le simple coût des poissons importés. Il s’agit d’une question de souveraineté alimentaire, de développement économique durable et d’autosuffisance nationale. Les dirigeants politiques doivent se confronter à ces défis de front, en adoptant des politiques qui valorisent et protègent les ressources naturelles du pays. Encourager une pêche durable et compétitive pourrait non seulement stabiliser les prix sur les marchés locaux, mais aussi créer des emplois et stimuler la croissance économique dans les communautés riveraines.
En fin de compte, la République Démocratique du Congo doit réévaluer ses priorités économiques et politiques pour garantir que ses ressources abondantes bénéficient réellement à sa population. L’avenir de la sécurité alimentaire et du développement économique du pays en dépend.
Par Franck zongwe lukama