À Uvira, dans la commune de Kavimvira, un nouvel acte de barbarie écologique vient d’ensanglanter la plaine de la Ruzizi. Dans la soirée du 21 octobre 2025, vers 21h02, un hippopotame — espèce strictement protégée par la loi congolaise — a été abattu par des éléments incontrôlés des FARDC et du groupe Wazalendo. Selon des témoins, ses petits ont été tués à leur tour, avant que leur viande et celle de la mère ne soient découpées et vendues sur place, dans un marché improvisé au cœur du quartier.
La scène s’est déroulée sur l’avenue Maiyamoto, dans la commune de Kavimvira, au sud de la ville d’Uvira. Là où autrefois les hippopotames faisaient partie du paysage naturel, il ne reste désormais que des carcasses et la honte d’une société impuissante à faire respecter ses propres lois.
Pour rappel, la loi n°14/003 du 11 février 2014 sur la conservation de la nature classe l’hippopotame parmi les espèces intégralement protégées, dont la chasse, la capture ou la détention sont passibles de peines allant jusqu’à dix ans de prison. Pourtant, aucune réaction officielle n’a suivi ce massacre.
Les habitants de Kavimvira, indignés, appellent à des sanctions exemplaires contre les auteurs et réclament que les académies militaires incluent des cours de protection environnementale dans leur programme, afin d’éviter que de tels drames ne se reproduisent.

Réagissant avec colère, Josué Aruna, président de la société civile environnementale du Sud-Kivu, a déclaré à Kilalopress :
« Je me demande comment les autorités provinciales peuvent rester silencieuses face à cet acte abominable. Quand la ministre du Tourisme prône la conservation à Kinshasa, ici, on abat et on vend la viande d’un animal protégé ! Leur silence est une complicité dans cet écocide, et cela ne passera pas inaperçu. »
Ce massacre et trafic en uniforme symbolise une réalité inquiétante : la RDC perd chaque jour un peu plus de son patrimoine naturel à cause de la corruption, du silence des autorités et de l’ignorance environnementale dans les rangs armés.
Pendant que le pays signe des engagements internationaux pour la biodiversité, sur le terrain, les balles remplacent la loi, et les marchés remplacent les sanctuaires naturels. La mort de cet hippopotame et de ses petits n’est pas une simple anecdote : c’est un signal d’alarme, celui d’une nation qui regarde mourir ses symboles sans broncher.
Par kilalopress