Le conflit entre Fabrice Lusinde et Teddy Lwamba, deux figures clés du secteur énergétique en République Démocratique du Congo (RDC), met en lumière une lutte de pouvoir qui va bien au-delà des enjeux personnels.
Alors qu’il était Directeur Général de la Société Nationale d’Électricité (SNEL), Lusinde a eu pour adjoint Lwamba, aujourd’hui ministre des Ressources Hydrauliques et Électricité. La tension entre ces deux hommes s’est intensifiée, culminant dans une bataille qui pourrait bien définir l’avenir énergétique du pays. Les détails de ce conflit, dévoilent des réformes avortées, des accusations de sabotage et une crise énergétique croissante.
L’inimitié entre Lusinde et Lwamba trouve ses racines dans des divergences profondes sur la gestion des ressources électriques en RDC. En tant que DGA de la SNEL, Lwamba avait proposé des réformes visant à favoriser la province du Grand-Katanga, une initiative qui a été vivement rejetée par Lusinde. Ce dernier considérait ces réformes comme “inopportunes”, particulièrement en période de campagne pour l’union nationale. L’idée d’allouer 50% de l’électricité à une seule province parmi les 26 que compte le pays a été perçue par Lusinde comme une menace pour l’équilibre national.
La controverse a conduit à une destitution de Lusinde par l’Assemblée nationale, un processus que ses partisans dénoncent comme illégal. Selon des sources proches de Lusinde, la réforme aurait été adoptée si la ministre du Portefeuille n’était pas intervenue. Ainsi, le bras de fer entre les deux hommes a marqué une rupture significative dans la gestion de la SNEL et dans la politique énergétique de la RDC.
La lutte entre Lusinde et Lwamba n’a pas seulement des implications politiques mais aussi économiques et sociales profondes. Lwamba, dans ses récentes déclarations publiques, a mis en évidence la crise énergétique actuelle en RDC, affirmant que le pays, autrefois exportateur d’électricité, est désormais obligé d’importer de l’électricité de pays voisins comme le Congo-Brazzaville, l’Angola, la Centrafrique, et la Zambie. Cette situation reflète une incapacité croissante de la RDC à gérer ses propres ressources énergétiques, exacerbée par des conflits internes.
Les réformes proposées par Lusinde, telles que la relance des turbines à l’arrêt du barrage d’Inga 1 et 2, sont actuellement bloquées. Ces projets avaient pour objectif de revitaliser la capacité de production d’électricité du pays, mais leur mise en œuvre est entravée par le climat hostile entre les anciens collègues.
À l’heure actuelle, le conflit entre Lwamba et Lusinde n’est pas seulement une question de gestion ou de politique interne ; il a des répercussions directes sur la vie quotidienne des Congolais. Les délestages fréquents et les difficultés d’accès à l’électricité sont devenus des réalités désagréables pour de nombreuses personnes et entreprises. Le bras de fer entre ces deux hommes pourrait donc avoir des conséquences à long terme sur le développement économique de la RDC et la qualité de vie de ses citoyens.
Alors que la RDC se débat avec ces enjeux cruciaux, la question demeure : jusqu’où les conflits de pouvoir peuvent-ils affecter la capacité d’un pays à progresser ? Les réformes bloquées, les projets en suspens, et les accusations mutuelles ne sont pas que des détails d’un conflit personnel, mais des indicateurs de l’état de la gouvernance énergétique en RDC. Pour la société congolaise, le véritable enjeu est de savoir si ces disputes internes peuvent être surmontées pour permettre une véritable transformation énergétique, ou si elles continueront à freiner les progrès nécessaires pour une amélioration durable.
Ce bras de fer entre Lusinde et Lwamba, loin d’être une simple querelle administrative, illustre les défis complexes que rencontre la RDC dans la gestion de ses ressources naturelles. Ce conflit met en lumière les difficultés structurelles et politiques qui entravent le développement énergétique du pays. En fin de compte, la résolution de cette crise pourrait déterminer non seulement l’avenir énergétique de la RDC, mais aussi sa capacité à surmonter les obstacles qui freinent son développement socio-économique. Les Congolais devront se demander si leur leadership est prêt à dépasser les conflits internes pour embrasser une vision commune du progrès.
Par Franck zongwe Lukama