C’est dans un contexte marqué par des défis environnementaux sans précédent que Tosi Mpanu Mpanu, Conseiller spécial du Président de la République Démocratique du Congo pour les questions climatiques, a ouvert avec lucidité et hauteur de vue les débats lors de la première journée du Forum du Bassin du Congo. Son intervention, consacrée aux interactions complexes et interdépendantes entre les ressources en eau, les forêts tropicales, les tourbières, la biodiversité et le cycle du carbone, a brillamment positionné le Bassin du Congo comme un acteur géostratégique et un levier de stabilité climatique mondiale.
Dans sa présentation alliant rigueur scientifique et clarté stratégique, Tosi Mpanu Mpanu a mis en lumière un fait trop souvent oublié : le Bassin du Congo est bien plus qu’un réservoir de biodiversité – c’est un stabilisateur du climat global. Abritant la deuxième plus grande forêt tropicale du monde, cette région joue un rôle majeur dans la régulation du carbone, la filtration des eaux, la conservation des tourbières et la résilience des communautés humaines.
Cette centralité écologique, encore sous-valorisée dans les négociations internationales, mérite aujourd’hui un ancrage dans les politiques climatiques mondiales. Le Forum du Bassin du Congo, à ce titre, constitue une avancée historique.

Monsieur Tosi Mpanu Mpanu l’a rappelé avec force : la crise environnementale actuelle est multidimensionnelle et existentielle. Citant des données du Forum Économique Mondial, il a souligné que plus de 44 000 milliards de dollars de valeur économique sont menacés par la dégradation de la nature. Dans ce contexte, aucune croissance économique ne peut être durable si elle ne s’appuie pas sur la préservation des écosystèmes.
Il a également évoqué l’ampleur des pertes en biodiversité – jusqu’à 69 % des populations de vertébrés sauvages disparues en 50 ans – pour souligner l’urgence d’une gouvernance écologique responsable, fondée sur des données scientifiques et des solutions locales.
Ce discours portait aussi un message politique clair : l’Afrique, et en particulier la RDC, ne peut plus être marginalisée dans les décisions climatiques mondiales. Alors même que le continent ne contribue qu’à 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, il demeure le plus vulnérable face aux dérèglements climatiques. Il est donc impératif que les responsabilités, les financements et les décisions soient redistribués plus équitablement.
En sa qualité de conseiller présidentiel, Tosi Mpanu Mpanu incarne cette diplomatie environnementale offensive et constructive, capable de faire de la RDC un leader africain sur la scène climatique internationale.
L’intervention de Tosi Mpanu Mpanu s’inscrit dans une dynamique plus large : celle d’un État qui veut bâtir des partenariats durables entre institutions, communautés locales, chercheurs et partenaires internationaux. En évoquant la faible représentation des femmes (17 % dans certaines délégations), il a aussi pointé la nécessité de renforcer l’inclusion dans la gouvernance environnementale.
Ce discours, bien que porté au plus haut niveau de l’État, rejoint les combats des organisations citoyennes, qui œuvrent chaque jour à la protection des forêts, des cours d’eau et des savoirs traditionnels.
À travers l’intervention de Tosi Mpanu Mpanu, la RDC rappelle au monde une évidence stratégique : le futur climatique de la planète se joue aussi à Kisangani, à Mbandaka, dans les tourbières de Lokolama et les forêts d’Ituri. Il est temps que les flux de financement, les engagements politiques et les innovations technologiques convergent vers le soutien de ce patrimoine écologique et humain unique.
En valorisant une approche intégrée, fondée sur la science, la diplomatie et l’inclusion, la RDC envoie un signal fort à la communauté internationale : elle est prête à assumer son rôle de gardienne du climat mondial – à condition que la solidarité suive.
Par Deo MALELA