Bunagana, la frontière où tout commence
13 juin 2022, le dénouement de toute une l’histoire de la guerre d’agression atteint son paroxysme. Le calme de Bunagana, une cité nichée à la frontière de la RDC et de l’Ouganda, est brutalement interrompu par une attaque armée des rebelles du Mouvement du 23 mars, M23.
La guerre part de cette cité frontalière et s’est enchainée pour durer plus d’un an, semant la mort, le déplacement massif des populations de plusieurs villages du Territoire de Rutshuru, débordant sur le Territoire de Nyiragongo, à la porte Nord de Goma et le Territoire de Masisi, freinant sur la cité de Sake, la porte Ouest de la Capitale Touristique du pays, la ville stratégique convoitée par les rebelles.
10 ans plus tard, L’histoire se répète-t-elle, ou est-elle en chaine ?
Un peu plus tôt, les rebelles en 2012, avaient réédité l’exploit. Sous la commande du Général autoproclamé Sultani Makenga, avaient encore pris d’assaut cette cité stratégique, traçant le même itinéraire de Bunagana-Rutshuru-centre-Kiwanja-Tongo-Kitchanga vers la ville de Goma, ouvrant leur front au Nord-Ouest et au Sud-Ouest de leur point de départ. Certes les rebelles avaient d’abord établi leur maquis dans la région du Mont Mikeno, sur les collines de Chanzu et Runyoni.
Il s’ensuit que le Mouvement du 23 mars soit un épisode d’une organisation militaire née de la guerre dite de libération de la RDC menée par Laurent Désiré Kabila, invitant à la fête plusieurs pays qui convoitent ses minerais et ses terres arables.
Alliés à l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL), ensuite Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), opposé à plusieurs autres milices, comme le Mouvement de Libération du Congo, la rébellion a viré vers le Congrès National pour la Défense du Peuple, virant entre 2008 à ce jour au Mouvement du 23 mars, en référence aux accords de Goma, signés le 23 mars 2009 pour la cessation non obtenue de l’existence de ce groupe rebelle.
De ce dernier passage des rebelles la désolation. Les chiffres sont effarants : des milliers de morts et environ 800 000 personnes déplacées, cantonnés dans différents camps en Territoire de Nyiragongo et dans quelques banlieues en marge de la ville.
Entre recrutement et enrôlement de force ou de gré.
Comme toute rébellion qui nait en marge des contestations du système politique en place, le M23 a à son premier passage, réussit en 2012, reçut une vague d’applaudissement soldée par un enrôlement des jeunes.
Leu deuxième passage du mouvement semble pour le moins applaudi, depuis que la bataille a été gagnée en sa défaveur. Le Mouvement a été, progressivement confirmé de travailler pour les intérêts expansionnistes du gouvernement de Kigali. C’est qui s’est enfin confirmé, à la suite d’une série des rapports d’experts des nations Unies et des pays, de manière indépendante à travers la planète.
Mais au lendemain de la déclaration de la Représentante du Secrétaire Général des Nations Unies en RDC, confirmant que les Rebelle étaient armés jusqu’à la dent, à dépasser la capacité dissuasive des casques bleus de l’ONU, en RDC, l’éveil patriotique a semblé tourné sur deux axes : d’abord, la population, rouge de colère a demandé, à partir de l’Est du pays un retrait immédiat de ses troupes installées au pays depuis deux décennies, il a aussi renforcé son soutien aux soldats loyalistes, les FARDC, comprenant que la guerre était plutôt une agression fabriquée de l’étranger et imposée au pays pour plusieurs raisons.
Le Wazalendo, entre autodéfense et patriotisme
Sentant la menace imposante, le Président de la République, Félix Tshisekedi, dans un discours, sans détour le 04 novembre 2022, appelait la jeunesse à une mobilisation. « Constituez-vous en groupes de vigilance », c’est le terme que le chef de l’Etat a utilisé pour éveiller sa jeunesse à accompagner les efforts des forces régaliennes.
C’est en effet, dans ce contexte précis, qu’est né le une nouvelle vague de groupes d’autodéfense et , et au passage, la réinvention du concept « wazalendo » ; l’équivalent littéral de « patriote approprié par tous : citoyens révoltés ou groupes armés locaux.
Le terme a été créé, alors que la RDC était engagée dans des pourparlers avec ces groupes armés à Nairobi, l’avènement a imposé une pause aux négociations. En même temps, le Gouvernement s’était engagé dans la création de la Reserve Armée de la Défense Congolaise. Cette loi, en passe d’entrer définitivement en vigueur, semble justifier la création de groupes de Wazalendo.
Certains, n’en déplaise leur but principal de venir en aide les soldats congolais, presque dupés par la malice de l’ennemi, semblent se livrer à des actes d’extorsion et vandalisme, disent des plaintes anonymes dans différents territoires où ils sont installés. Certains seraient donc de « vrai wazalendo », les autres des brebis galeuses, selon le comportement affiché vis-à-vis dj public.
Il convient de signaler qu’à ce stade, la loi fixe les conditions pour intégrer le corps des réservistes, ce
Invitation des troupes de l’EAC et de la SADC, quelle issue ?
Alors que la guerre était loin de finir, les Chefs d’Etat de la Sous-Région, ont décidé de déployer leurs troupes sur le terrain, afin de désengorger cette virulence des rebelles, depuis qualifiés des « Terroristes », puisqu’ils avaient décidé de recourir aux méthodes terroristes à Kishishe et ailleurs.
Le 29 Mars 2023, ce déploiement a été effectif avec un itinéraire partagé entre les troupes des états membres. En même temps, un autre problème persistait autour du mandat de cette force régionale, appelée pour une mission offensive, elle aurait créé une cohabitation entre elle et l’agresseur dans les zones que ces M23 étaient censé libérer.
Dans le dynamisme des Relations Internationales, la RDC, consciente qu’elle aurait fait fausse route en se tournant vers les pays de l’Afrique de l’Est, ouvrait, en même temps une brèche au sein de la Communauté des Etats d’Afrique Centrale et Australe (SADC)
Cette présence militaire, loin de rassurer les citoyens lambda, comme ce fut le cas pour 2013, lorsque la SADC appuyait les FARDC, pour défenestrer la même rébellion, semble plutôt prendre une allure de doute, parfois de méfiance. Nombreux sont ceux qui demandent le départ immédiat des troupes de l’EAC, qui auraient prouvé leur limite à restaurer la paix à l’Est du pays. Elles étaient supposées quitter le pays au 30 juin 2023, la Communauté leur a accordé jusqu’en septembre pour qu’elles soient évaluées.
Quand les armes parlent
En décembre 2022, le Gouvernement congolais avait publié un “livre blanc” documentant le soutien rwandais au M23. Ce narratif met l’accent sur l’ingérence du Rwanda, suivant l’historique de parrainage rwandais des rébellions dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Dans ce livre, Kinshasa accuse les hommes de Kigali d’avoir massacré plus de 250 civils au village Kishishe, dans le groupement Bambu, en chefferie de Bwito, dans le territoire de Béni.
Suite à ces allégations soutenues par le rapport final des experts de l’ONU, les rebelles du M23 avaient été anéantis diplomatiquement. Sur terrain, la société civile a, dernièrement alerté sur le renforcement des troupes rwandaises dans les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo.
Une guerre plutôt économique
Depuis que le groupe rebelle du M23 et les forces de défense du Rwanda (RDF) occupent la cité frontalière de Bunagana, en territoire de Lubero, le Gouvernement congolais a perdu le contrôle des taxes douanières pendant plus d’une année. Alors que la zone est importante pour la province du Nord-Kivu, les rebelles du M23 font payer des taxes et maximisent des recettes pour financer la guerre.
Plusieurs analystes économistes estiment que l’Est de la RDC est une destination-clé des exportations informelles du Rwanda, tandis qu’une bonne partie des exportations congolaises sont des minerais de contrebande, qui sont ensuite officiellement réexportés par le Rwanda. Si l’économie rwandaise s’est diversifiée depuis la forte dépendance à l’égard des minerais congolais soit depuis 1998. Ces minerais dont l’or et la cassitérite constituent toujours une source importante de devises et surtout la présence permanente des rebelles du M23 et des hommes de Kagame.
Dans son récent rapport, le Groupe d’experts de l’organisation des Nations-Unies (ONU) dit avoir reçu des informations selon lesquelles, des groupes armés dont le mouvement du M23 participe à l’exploitation et aux activités de contrebande de minerais d’étain, de tantale et de tungstène à Rubaya et dans le cercle de Kishishe, deux villages, respectivement des territoires de Rutshuru et Masisi. Les Experts de l’ONU disent observer que cette situation compromet l’intégrité de la chaîne d’approvisionnement de ces minerais.
Le M23, une menace pour le tourisme ?
En 2022, le Ministre du tourisme à l’époque, Modero Nsimba avait noté que la République Démocratique du Congo (RDC) perd près de 4 à 6 millions de dollars par semaine suite à l’agression Rwandais à travers ses supplétifs du M23. Cette somme est généralement perçue par les rebelles du M23 à partir de la cité frontalière de Bunagana.
Au-cours du briefing hebdomadaire du ministère de la communication et Médias, M. Modero a rappelé la fermeture des activités touristiques dans cette zone, l’occupation de sites touristiques par les rebelles du M23, la destruction de l’habitat naturel de gorilles de montagne, dans le secteur sud du parc national des Virunga. A haute voix, il a décrié le silence de la communauté internationale. Pour l’instant, tous les projets du Parc national des Virunga ont été suspendus au tour du secteur Sud.
“On ne peut pas nous demander de conserver la plus grande partie d’eaux douces et l’espace le plus grand d’aires protégées en Afrique et venir nous faire la guerre dans ces mêmes aires protégées. Nous perdons, suite à cette guerre, d’abord l’emploi. Par ce qu’il y a la fermeture du chantier de Rwanguba. Avec notre partenaire, nous étions dans un projet de construction d’une centrale de 28 Méga watt et deux autres centrales. L’ensemble de ces chantiers pour développer les projets touristiques dans la zone est en arrêt et est quantifié à plus de 70 millions USD, rien pour la zone de Rutshuru. Et si, nous abordons la fermeture de la zone de Bunagana, c’est mon collègue des finances qui pourra donner, je pense que nous perdond pas moins de 4 à 6 millions USD par semaine”, avait indiqué le Ministre du tourisme.
A l’occasion, le patron du tourisme avait estimé que le parc des Virunga devait être géré par les forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) pour protéger les espèces végétales et animales.
Et l’éducation en souffre
Loin de faire des mort et des blessés, en surcroit d’un déplacement massif des populations pour des fins expansionnistes et mercantiles, la guerre dont est victime la République a aussi des sur l’éducation des jeunes. les conséquences semblent éloquentes sur la montée en puissance de l’insécurité en milieu urbain, la croissance du nombre des enfants de la rue, les grossesses indésirables,
Pour Sylvain kikyo, enseignant d’une l’école primaire de la ville de Goma pense que si le gouvernement congolais n’intervient pas en temps utile pour stopper l’hémorragie le plus cette situation quitterait du chaos à la catastrophe
Le point de vue est partagé par le Professeur Dady Saleh, Enseignant dans plusieurs Universités du pays er d’Afrique. Cet expert en développement pour les pays d’Afrique et du Caraïbe, on est peut pas prévoir un avenir meilleur de la république démocratique du Congo avec les enfants qui ne sont instruits, ou qui ne reçoivent pas suffisamment de protection qui leur est de droit.
Pour la petite Gouverne, des élèves finalistes du secondaire, venant des entités sous occupation, n’ont hélas pris part à la session ordinaire des Examens d’Etat, qui a eu lieu àpartir du 26 juin, puisque les conditions sécuritaires n’ont pas permis une organisation de ces épreuves, et dans les zones sous occupation, et dans les zones de déplacement.
A la veille des Epreuves, le chef de la Sous-Division de l’EPST Rutshuru, par exemple, rassurait qu’une session extraordinaire, à l’intention de ses finalistes serait organisée dans un futur proche.
Rappelons enfin qu’au cours d’un atelier organisé à Goma, du 28 au au 29 juin, Tomy Tambwe Ushindi, Coordonnateur National du Programme National de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation (PDDRCS), comptait 252 Groupes Armés qui pullulent la RDC. Plus de trois décennies, le pays est loin de prendre son envol politique social et économique. Le levier pour tout déclencher, semble le rétablissement de la paix et la sécurité, soulève plus d’un curieux.
Magloire Tsongo, Bienfait Tumsifu et Flavien Muhima