Sud-Kivu : 1 500 Arbres Abattus Chaque Mois : La SYDHE et l’IGE Alerte sur la Déforestation Dévastatrice au Parc National de Kahuzi-Biega

Le parc national de Kahuzi-Biega (PNKB), sanctuaire unique des derniers gorilles des plaines orientales, se trouve en danger imminent en raison d’une déforestation rampante.

Ce constat alarmant, révélé par un rapport récent des organisations Synergie des organisations de la société civile pour la promotion des droits humains et l’environnement (SYDHE) et Institut pour la gouvernance et l’éducation électorale (IGE), met en lumière les conséquences dévastatrices des violences armées et de l’exploitation illégale dans la province du Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo (RDC).

Le parc national de Kahuzi-Biega, couvrant une superficie de 6 000 km², est inscrit au patrimoine mondial en péril depuis 1997 en raison de la présence de la dernière population sauvage de gorilles des plaines orientales. Cependant, des rapports alarmants indiquent qu’environ 1 500 arbres sont abattus chaque mois dans le parc, avec des activités telles que l’exploitation illégale du bois et la production de charbon de bois en plein essor.

Le rapport de SYDHE et IGE met en lumière l’acheminement du bois coupé et du charbon de bois vers Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, et Goma, via le lac Kivu. Les matériaux sont transportés par divers moyens, y compris des véhicules privés, des motos et des bateaux, indiquant un réseau organisé de déforestation.

La pression démographique et la dégradation de la situation sécuritaire dans les provinces voisines, notamment le Nord-Kivu, aggravent la situation. La présence de groupes armés, comme la rébellion du M23, force les populations locales à se tourner vers le PNKB pour leurs besoins en bois. Patrice Lwabaguma, auteur du rapport, souligne que les zones touchées par la déforestation sont souvent contrôlées par ces groupes armés, qui exploitent les ressources naturelles du parc.

Les autorités locales, notamment Innocent Bayubasire, chef de bureau à la coordination provinciale de l’environnement et du développement durable, rapportent des actions en cours pour contrer cette exploitation illégale. En mai, des contrôleurs forestiers ont saisi 8 900 sacs de braise et deux pirogues chargées de plus de 700 sacs de charbon de bois. Toutefois, la réponse semble insuffisante face à l’ampleur du problème.

La direction du PNKB, dirigée par Arthur Kalonji Mulamayi, dénonce une période de déforestation accrue entre 2019 et 2023. Les zones affectées par l’exploitation minière illégale et la carbonisation sont souvent protégées par des groupes armés, rendant difficile toute intervention efficace. En réponse, le parc et ses partenaires tentent d’engager des actions auprès des autorités et de sensibiliser les communautés locales sur l’importance de préserver cette richesse naturelle.

La déforestation au parc national de Kahuzi-Biega représente une menace critique pour la biodiversité et l’équilibre écologique de cette province. L’intensification des conflits armés et l’exploitation illégale des ressources exacerbent cette crise, mettant en péril non seulement le refuge des derniers gorilles des plaines orientales mais aussi l’intégrité des écosystèmes locaux. Alors que les efforts pour protéger le parc se poursuivent, il devient impératif que des solutions durables soient trouvées pour réconcilier les besoins des populations locales avec la préservation de ce patrimoine mondial. La situation au PNKB est un rappel poignant de la fragilité des trésors naturels face aux défis humains, soulignant la nécessité d’une action collective et résolue pour assurer leur survie.

Par Franck zongwe Lukama

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