Washington, 3 août 2025 – Dans une initiative inédite destinée à transformer des décennies de rivalité en coopération constructive, le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) ont signé jeudi à Washington un accord de gestion conjointe du tourisme transfrontalier. Cet engagement fait partie d’un cadre plus large baptisé Regional Economic Integration Framework (REIF), qui trace une feuille de route ambitieuse pour l’intégration économique bilatérale.
L’accord, paraphé par Tony Kajangwe, secrétaire permanent au ministère rwandais du Commerce et de l’Industrie, et son homologue congolais, a été supervisé par Massad Boulos, envoyé spécial des États-Unis pour les affaires africaines. Il s’inscrit dans la continuité de l’accord de paix signé entre les deux pays le 27 juin dernier, et ambitionne de tourner la page des tensions historiques qui ont marqué les relations dans la région des Grands Lacs.
Au cœur de ce nouveau partenariat figure une initiative audacieuse : le partage des recettes générées par les parcs transfrontaliers, en particulier dans le massif Virunga–Volcans. Cette zone, connue pour abriter les derniers gorilles de montagne, attire chaque année un tourisme haut de gamme. Le Rwanda, avec son Parc national des Volcans, et la RDC, via le Parc national des Virunga, s’engagent à harmoniser leurs politiques de conservation, de sécurité environnementale et de distribution des revenus issus du tourisme.
Ce modèle collaboratif prévoit également des mécanismes communs pour lutter contre le braconnage, le trafic d’espèces protégées et l’exploitation illégale des ressources naturelles. Des efforts seront déployés pour intégrer les communautés locales aux bénéfices du tourisme, via des politiques standardisées de développement des moyens de subsistance et de financement de la conservation.
La coopération dépasse toutefois le cadre du tourisme. Le REIF établit des axes de collaboration dans les secteurs de l’énergie, de l’infrastructure, de la santé publique, des chaînes d’approvisionnement minier, de l’éducation, du sport et de l’agro-industrie. Deux projets énergétiques phares ont été mis en avant : le barrage hydroélectrique Ruzizi III et l’exploitation du méthane du lac Kivu, considérés comme essentiels pour renforcer l’accès à l’électricité et stimuler l’industrialisation régionale.
Dans le secteur minier, les deux pays se sont engagés à formaliser les filières, à éliminer le commerce illicite et à favoriser la transformation locale des minerais stratégiques tels que l’or, le tantale ou le tungstène. Une meilleure coordination des infrastructures frontalières est également prévue, afin de fluidifier les échanges et d’assurer la traçabilité des ressources.
L’accord comprend par ailleurs un important volet sanitaire, axé sur la prévention des épidémies en zones frontalières, le partage de la recherche et le développement d’un commerce régional de produits de santé. Des investissements sont attendus dans les infrastructures de transport, les ports, les entrepôts et les systèmes de connectivité numérique, en lien avec des corridors commerciaux soutenus par les États-Unis, comme celui de Lobito.
Ce partenariat, qualifié de « plateforme vivante », se veut évolutif et adaptable aux réalités locales et continentales, notamment en synergie avec la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et le plan directeur énergétique de l’Union africaine. Les responsables rwandais et congolais affirment que cette collaboration marque un changement de paradigme : les deux pays, autrefois perçus comme rivaux, misent désormais sur la complémentarité de leurs atouts économiques pour bâtir une croissance partagée et durable.
Par kilalopress