RDC : Vantara un sanctuaire ou un paravent pour le trafic d’animaux sauvages ?

Une enquête menée par The Wire a mis en lumière des allégations graves concernant le sanctuaire Vantara, dirigé par Anant Ambani en Inde, et sa relation avec les autorités congolaises de la faune. Selon des documents et des sources exclusives, plusieurs chimpanzés présents dans ce sanctuaire pourraient avoir été illégalement importés depuis la République Démocratique du Congo (RDC), soulevant des questions majeures sur le respect des conventions internationales de protection de la faune, notamment la CITES.

L’enquête de The Wire, menée sur six mois, a révélé des irrégularités dans les permis d’exportation CITES, suggérant que les chimpanzés exportés n’étaient pas issus de programmes de reproduction en captivité comme indiqué, mais pourraient avoir été capturés dans la nature. Des experts en primatologie ont observé des caractéristiques physiques typiques des spécimens sauvages, renforçant ces préoccupations. De plus, des sources au sein des cercles de conservation congolais ont indiqué que ces exportations ont eu lieu pendant une période de répression active contre le trafic illégal d’animaux sauvages en RDC.

En réponse à ces allégations, le gouvernement congolais, par l’intermédiaire de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), a défendu un partenariat avec Vantara, soulignant qu’il s’agissait d’une collaboration éthique et scientifique visant à moderniser les infrastructures zoologiques en RDC et à renforcer les capacités locales en matière de conservation. Le directeur général de l’ICCN, Yves Milan Ngangay, a affirmé que les chimpanzés transférés vers Vantara l’ont été dans un cadre légal et scientifique, sans transaction commerciale.

Cependant, cette défense est mise à mal par des précédents inquiétants. En 2023, des responsables de l’ICCN ont été interdits d’entrée aux États-Unis pour trafic présumé de chimpanzés et d’autres espèces protégées vers la Chine, utilisant des permis falsifiés en échange de pots-de-vin. De plus, en décembre 2023, les autorités togolaises ont intercepté 38 primates envoyés de Kinshasa vers la Thaïlande, dont les espèces et le nombre ne correspondaient pas aux permis d’exportation fournis par l’ICCN, suggérant une manipulation des documents officiels.

En réponse à ces allégations, Vantara a fermement rejeté les accusations, affirmant que tous les animaux acquis respectent strictement les lois internationales et indiennes. Ils ont souligné que les permis d’exportation CITES sont délivrés par des autorités souveraines et que mettre en doute leur validité sans preuves irréfutables est injustifié. Cependant, des experts soulignent que les permis CITES peuvent être falsifiés ou mal interprétés, ce qui complique la traçabilité des origines des animaux. Certains suggèrent même que la demande croissante de sanctuaires comme Vantara pourrait encourager la capture illégale d’animaux sauvages pour répondre à cette demande.


Cette situation soulève des questions fondamentales sur la transparence et l’intégrité des pratiques de conservation en RDC. Alors que des sanctuaires comme Lwiro offrent un refuge aux chimpanzés orphelins victimes du braconnage, les infrastructures zoologiques publiques, telles que le zoo de Kinshasa, sont dans un état de délabrement avancé et les soit disant travaux rien n’avance mettant en péril le bien-être des animaux et l’efficacité des programmes de conservation. Elle souligne également la nécessité d’une vigilance accrue et d’une coopération internationale renforcée pour garantir que les initiatives de conservation respectent les normes éthiques et légales, et ne servent pas de façade à des pratiques douteuses.

Par Franck zongwe lukama

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