RDC : Les glaciers du Ruwenzori en péril; un signal d’alarme pour l’Afrique centrale

La fonte quasi irrémédiable des glaciers du Ruwenzori, dans l’est de la République Démocratique du Congo, sonne comme un avertissement glaçant pour l’ensemble du continent africain.

À l’occasion d’une matinée de sensibilisation tenue récemment à Kinshasa, l’UNESCO a révélé des chiffres alarmants : plus de 85 % de la surface glaciaire de ces montagnes mythiques a disparu en quelques décennies. Une urgence climatique majeure est en train de se jouer, dans l’indifférence quasi générale. Ces glaciers, perchés à plus de 5 000 mètres d’altitude sur la frontière entre la RDC et l’Ouganda, ne sont pas de simples curiosités géographiques. Ils jouent un rôle fondamental dans le maintien de l’équilibre hydrique de l’Afrique centrale. Véritables “châteaux d’eau” naturels, ils alimentent les bassins du Nil et du Congo, assurant l’approvisionnement en eau de millions de personnes. Aujourd’hui, il ne reste qu’un maigre kilomètre carré de glace, qui continue de reculer inexorablement sous les effets du changement climatique.

« Ce que nous observons, c’est un effondrement lent, mais dramatique », avertit Jean Felly Ngandu, du Centre de Recherche en Ressources en Eau du Bassin du Congo. Pour lui, la disparition de ces glaciers ne représente pas seulement une perte paysagère, mais bien une menace directe sur la sécurité hydrique et alimentaire de toute une région. Le cas du Nord-Kivu, où se situent les flancs congolais du massif, illustre douloureusement le paradoxe national : la RDC, l’un des pays les plus riches en biodiversité et en ressources naturelles au monde, voit ses écosystèmes les plus précieux s’éroder sous ses yeux, sans disposer des moyens suffisants pour les protéger.

Les scientifiques et les représentants des institutions présentes à Kinshasa ont formulé un ensemble de recommandations concrètes : améliorer les systèmes d’alerte précoce, promouvoir des pratiques agricoles résilientes, renforcer la gestion transfrontalière des ressources hydriques avec l’Ouganda. Autant de pistes qui exigent une coopération régionale sans précédent et un engagement politique fort. La coïncidence avec la récente Journée mondiale de l’eau n’a pas échappé aux participants. L’enjeu est clair : sans mesures rapides et coordonnées, les dernières neiges du Ruwenzori pourraient disparaître d’ici quelques années, laissant place à un déséquilibre écologique difficilement réversible.

Face à cette crise silencieuse, une question s’impose avec acuité : comment concilier la préservation de ces régulateurs climatiques naturels avec les besoins urgents des populations locales ? L’UNESCO insiste sur une approche inclusive, impliquant directement les communautés vivant au pied des montagnes. Car la lutte contre le dérèglement climatique ne peut être gagnée sans une mobilisation collective, à toutes les échelles. Préserver les glaciers du Ruwenzori, c’est protéger l’ossature même de l’Afrique centrale. C’est refuser de céder à la fatalité climatique et choisir, résolument, un avenir durable pour les générations à venir.

Par kilalopress

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