Dans une décision qui soulève de nombreuses questions, la ministre de l’Environnement et du Développement durable de la République Démocratique du Congo (RDC), Eve Bazaiba, aurait récemment homologué le Programme de Reduction des Emission du Mai Ndombe (ERPA Mai Ndombe), plusieurs années après son lancement officiel (https://www.banquemondiale.org/fr/country/drc/brief/fact-sheet-mai-ndombe-redd-initiative-in-drc). Cette décision tardive met en lumière les défis persistants de la gouvernance environnementale en RDC et suscite des inquiétudes quant à l’efficacité des programmes de conservation dans le pays.
Le projet juridictionnel ERPA, dont l’initiative privée REDD+ de Mai Ndombe (ERA Congo) fait partie en tant que sous-projet (https://medd.gouv.cd/wp-content/uploads/2022/07/final_benefit_sharing_plan-june_2022-drc.pdf ), lancé il y a plus de cinq ans, visait à protéger plus de 12 million d’ hectares de forêt tropicale cruciale dans le bassin du Congo, deuxième plus grande forêt tropicale au monde. Malgré ses nobles intentions de réduire la déforestation et d’améliorer les moyens de subsistance des communautés locales, le projet a longtemps opéré dans un flou réglementaire.
L’homologation tardive du projet le 9 septembre 2024, soit plus de 5 ans après son lancement officiel, soulèverait plusieurs questions critiques :
- Pourquoi aurait-il fallu plus de 5 ans pour officialiser ce projet?
- Quelles auraient été les conséquences de cette absence d’homologation sur l’efficacité du programme et la protection réelle de la forêt ? Les objectifs initiaux auraient-ils pu être atteints malgré ce retard ?
- Comment les communautés locales, en particulier les populations autochtones comme les Batwa, auraient-elles été affectées par ce retard administratif ? Auraient-elles pu bénéficier des avantages promis en termes de développement et d’éducation ?
- Si un projet de l’envergure de ERPA financé par la Banque Mondiale n’aurait pas été homologué jusqu’à présent, qu’en serait-il des autres initiatives REDD et marchés carbone en cours en RDC?
- Qui pourrait nous éclaircir sur les raisons de ce retard ? La Coordination Nationale REDD (CN REDD) pourrait-elle fournir des explications sur ce processus d’homologation prolongé ?
De plus, l’impact réel du projet juridictionnel ERPA sur les communautés locales reste flou. Pas plus tard que 3 mois les parlementaire de la province de Mai-ndombe ont initié une démarche pour appeler l’ex Gouverneur Rita BOLA a s’expliquer sur certaines questions entre autres celle liée à ce projet de Mai Ndombe .
Des experts en conservation et des militants locaux en RDC expriment leur frustration face à cette lenteur bureaucratique. “Cinq ans sans cadre réglementaire clair, c’est cinq années d’opportunités perdues pour une véritable conservation et un développement durable”, déclare un expert en environnement sous couvert d’anonymat. La décision de Mme Bazaiba, bien que positive sur le papier, soulève des inquiétudes quant à la capacité du gouvernement à gérer efficacement les projets de conservation à long terme. Les critiques soulignent que cette homologation tardive pourrait être une tentative de sauver les apparences face aux pressions internationales, plutôt qu’un véritable engagement envers la protection de l’environnement.
Bien que l’homologation du projet juridictionnel ERPA par Mme Bazaiba puisse être considérée comme un pas dans la bonne direction, elle souligne surtout les défaillances systémiques dans la gestion des projets de conservation en RDC selon certains observateurs de la société civile congolaise interrogés par kilalopress. Pour que de tels programmes aient un impact réel et durable, il est impératif que le gouvernement congolais adopte une approche plus proactive et transparente dans la gestion de ses ressources naturelles, en plaçant les communautés locales au cœur de ces efforts de conservation.
Par franck zongwe Lukama