RDC : Le gouvernement déclare la guerre aux ‘faux’ chefs coutumiers – Une révolte contre l’usurpation du pouvoir traditionnel !

Le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, annonce des poursuites judiciaires contre les présumés faux chefs coutumiers. Ce geste marque une nouvelle étape dans la volonté du gouvernement congolais de remettre de l’ordre dans le secteur coutumier, un secteur en proie aux dérives et aux conflits.


Le secteur coutumier en République Démocratique du Congo, longtemps perçu comme un pilier de la société traditionnelle, est aujourd’hui confronté à une crise d’identité et de légitimité. En effet, l’essor de prétendus “faux” chefs coutumiers sème le trouble et ternit l’image de cette institution. Face à cette situation, le vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, Jacquemain Shabani Lukoo, a décidé de réagir vigoureusement. Lors de la réunion du Conseil des ministres du vendredi 8 novembre 2024, il a annoncé le lancement de poursuites judiciaires contre ceux qui usurpent des titres de chefs coutumiers. Une décision qui pourrait avoir des conséquences profondes sur l’organisation sociale en RDC.


Dans son intervention, Jacquemain Shabani Lukoo a fait état de consultations en cours avec les différentes parties prenantes du secteur coutumier, notamment les familles régnantes, afin de traiter des conflits internes qui défigurent l’autorité traditionnelle. Ces consultations ont mis en lumière plusieurs cas d’usurpation de pouvoir au sein du secteur coutumier. Il apparaît que de plus en plus de personnes s’auto-proclament chefs coutumiers, provoquant des conflits communautaires qui exacerbent les tensions sociales, notamment en milieu rural.

Le ministre a donc pris la décision d’engager des poursuites judiciaires contre ces individus, qu’il considère comme des “faux” chefs coutumiers. Cette décision s’inscrit dans une volonté de remettre de l’ordre dans ce secteur clé, où les dérives sont nombreuses et où l’absence de régulation favorise l’émergence de conflits inutiles.

Le problème de l’usurpation de pouvoir coutumier est d’autant plus crucial que le secteur traditionnel joue un rôle de médiation et de régulation dans les communautés. Cependant, le manque de structures claires et de régulations a permis à certaines personnes de se faire passer pour des autorités coutumières, au détriment de l’unité et de la paix sociale. Le ministère de l’Intérieur, sous la houlette de Jacquemain Shabani, entend donc restaurer l’autorité de ces instances et limiter les abus.

Il convient de noter que cette initiative intervient dans un contexte où les chefs coutumiers réclament depuis longtemps une meilleure organisation et une régulation plus stricte de leur secteur. Par exemple, certains appellent à la création d’un ministère dédié spécifiquement aux affaires coutumières, une demande qui peine encore à se concrétiser.

Les chefs coutumiers eux-mêmes sont fréquemment confrontés à des tensions internes liées aux conflits de pouvoir. Ces disputes sont souvent exacerbées par des enjeux fonciers, comme l’a souligné l’ancien Premier ministre, Adolphe Muzito. Ce dernier, désormais député national, milite pour une révision de la loi foncière en vigueur, plaidant pour que chaque communauté puisse avoir la pleine propriété des terres héritées de ses ancêtres.

En dépit des démarches entreprises par le gouvernement, notamment à travers des consultations dirigées par le Premier ministre Sama Lukonde Kyenge et plus récemment par Judith Suminwa Tuluka, les chefs coutumiers n’ont pas encore obtenu les réformes qu’ils espéraient. Le secteur coutumier reste donc un terrain fertile pour les abus de pouvoir et les conflits, ce qui rend d’autant plus urgente l’intervention de l’État pour restaurer l’ordre et la légitimité.



Cette décision de Jacquemain Shabani si elle s’inscrit dans une démarche de rétablissement de l’ordre, elle soulève également des questions sur la manière dont le gouvernement entend structurer cette institution, tout en répondant aux attentes des chefs coutumiers et des communautés. Les réformes devront être profondes et adaptées aux réalités locales pour garantir une véritable régulation du secteur, à la fois bénéfique pour l’ordre public et respectueuse des traditions ancestrales. Seule une gouvernance renforcée et une régulation claire pourront éviter les dérives et les conflits qui minent l’image de cette institution pourtant essentielle à la cohésion sociale en RDC.

Par kilalopress

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