En République Démocratique du Congo (RDC), l’urgence climatique s’intensifie alors que les impacts du changement climatique se font de plus en plus sentir. Le consensus scientifique sur le changement climatique ne fait plus de doute : nous sommes en pleine crise. Cette réalité est confirmée par les recherches et les enquêtes d’opinion, qui révèlent que, malgré des variations régionales, une partie importante de la population mondiale considère le changement climatique comme une urgence.
En RDC, les répercussions sont particulièrement sévères. Le pays, riche en biodiversité et en ressources naturelles, fait face à des défis énormes. Les conditions climatiques extrêmes, telles que les sécheresses prolongées et les inondations dévastatrices, affectent l’agriculture, l’eau potable et la sécurité alimentaire. Les catastrophes climatiques deviennent de plus en plus fréquentes, mettant en danger des millions de Congolais et exacerbant les inégalités socio-économiques.
Dans ce contexte, la manière dont le changement climatique est abordé par les organisations environnementales non gouvernementales (OENG) en RDC est cruciale. À l’instar des approches observées ailleurs dans le monde, la tendance est de cadrer le changement climatique non seulement comme un problème environnemental, mais comme une véritable urgence. Cette approche, qui se concentre sur les impacts immédiats et le cadre temporel pour l’action, semble être un levier efficace pour susciter une réponse collective.
Les organisations telles que l’ONG Congolaise “Environnement et Développement” et le réseau “Réveil Écologique” mettent en avant des solutions axées sur des politiques de marché et des innovations technologiques. Toutefois, ces approches sont parfois critiquées pour leur manque d’analyse des relations de pouvoir social et pour leur tendance à éviter des transformations sociales plus profondes. Comme le souligne l’analyse de Haas, Syrovatka, et Jürgen (2022), ces solutions peuvent paraître insuffisantes si elles ne remettent pas en question les structures sociales dominantes.
En RDC, les OENG adoptent également des perspectives de justice sociale. Elles soulignent les impacts disproportionnés du changement climatique sur les communautés autochtones et les populations vulnérables. Par exemple, la déforestation causée par l’exploitation minière et l’agriculture intensive a des effets dévastateurs sur les communautés locales qui dépendent des forêts pour leur subsistance. Ces critiques mettent en lumière l’incompatibilité entre l’expansion des activités extractives et les engagements climatiques, posant ainsi un défi aux politiques actuelles qui privilégient souvent les intérêts économiques à court terme.
Les revendications des OENG incluent également un appel à des investissements publics accrus pour la transition énergétique et à des mesures réglementaires robustes pour éliminer progressivement les combustibles fossiles. Ces politiques, orientées vers l’offre, visent à affaiblir le pouvoir des industries extractives et à atteindre les objectifs de décarbonisation nécessaires.
Cependant, la mise en œuvre de ces politiques de justice environnementale reste complexe. Des recherches indiquent que les gouvernements et les leaders industriels pourraient intégrer les politiques de justice environnementale de manière superficielle, sans apporter de changements significatifs dans la redistribution du pouvoir décisionnel. En RDC, l’inclusion des concepts de justice dans les politiques climatiques pourrait représenter une opportunité pour les OENG de renforcer leurs efforts pour une transition écologique juste et équitable.
La situation climatique en RDC illustre la nécessité d’une réponse immédiate et adaptée. Les initiatives des OENG, bien que cruciales, doivent s’accompagner d’une remise en question plus profonde des structures socio-économiques existantes. Pour une réponse efficace à l’urgence climatique, il est impératif que les politiques intègrent pleinement les principes de justice environnementale et de respect des droits des communautés locales, notamment les populations autochtones.
La Rédaction