10 octobre 2024 Le changement climatique entraîne des réactions complexes au sein des écosystèmes naturels et humains à l’échelle mondiale. Parmi les zones les plus touchées, les ressources en eau, en particulier les lacs, sont gravement affectées, mettant en péril la vie de millions de personnes, notamment en Afrique. La République Démocratique du Congo (RDC), avec ses vastes lacs, est particulièrement concernée.
La RDC abrite le lac Tanganyika, le deuxième plus grand lac d’Afrique par sa superficie, et le deuxième plus ancien et profond lac du monde, atteignant une profondeur de 1 470 mètres. Ce lac est partagé avec quatre autres pays : Burundi, Tanzanie, Zambie et République Démocratique du Congo. Il constitue une source vitale de ressources halieutiques pour les communautés riveraines, qui dépendent de ses eaux pour leur subsistance.
Cependant, le lac Tanganyika subit des transformations dramatiques. Des études montrent que la hausse des températures et les variations de précipitations affectent déjà sa biodiversité et la disponibilité des ressources aquatiques. Un rapport indique que les températures de surface du lac augmentent, ce qui perturbe les cycles de reproduction des poissons et affecte la pêche, principale source de revenu pour de nombreuses familles. Les effets du changement climatique sur le lac Tanganyika sont alarmants. En raison de l’augmentation des températures et des événements climatiques extrêmes, les niveaux d’eau fluctuent de manière imprévisible. Un rapport de Woolway et al. (2022) signale une élévation significative des températures, tandis que des études antérieures montrent que des événements tels que des sécheresses et des inondations deviennent de plus en plus fréquents.

De plus, la RDC est confrontée à des défis spécifiques en matière de gestion de l’eau. Selon une étude de Yunana et al. (2017), le pays ne représente que 9 % des ressources en eau douce mondiales, malgré sa taille et sa richesse en ressources hydriques. Ce déséquilibre, combiné à la dégradation environnementale et à une gestion inadéquate des ressources, exacerbe les risques de pénurie d’eau.
La dégradation des lacs en RDC a des répercussions socio-économiques considérables. Le lac Tanganyika, par exemple, est un écosystème partagé qui traverse plusieurs frontières, rendant la coopération interétatique essentielle pour sa gestion durable. Les populations locales, déjà vulnérables, pourraient voir leur sécurité alimentaire et économique menacée si les conditions de vie continuent de se détériorer.
Des conflits pour l’accès aux ressources en eau pourraient également émerger, aggravant les tensions entre les pays voisins. Des études montrent que la gestion collective des ressources hydriques est cruciale pour éviter de tels conflits et garantir un approvisionnement durable pour tous. Face à cette crise croissante, des efforts concertés sont nécessaires pour renforcer la résilience des écosystèmes lacustres et des communautés qui en dépendent. En RDC, la mise en œuvre de pratiques de gestion durable des bassins versants est impérative. Cela inclut la conservation des zones riveraines, la lutte contre l’érosion et la gestion des espèces envahissantes.
Des initiatives comme la création de zones tampons autour des lacs et l’amélioration de l’accès à des technologies de gestion de l’eau peuvent aider à atténuer les effets du changement climatique. La sensibilisation des communautés locales et l’intégration des savoirs traditionnels dans la gestion des ressources hydriques sont également des étapes clés pour une adaptation réussie.
Les lacs africains, et en particulier ceux de la RDC, nécessitent une attention urgente. Leurs interactions avec le climat et les pressions anthropiques rendent leur préservation essentielle non seulement pour l’environnement, mais aussi pour la survie économique de millions de personnes. Des mesures proactives et une coopération régionale sont indispensables pour faire face aux défis futurs et garantir la durabilité des ressources en eau en Afrique, tout en veillant à la protection des précieux écosystèmes lacustres de la RDC.
Par Franck zongwe Lukama