RDC : Kinshasa sous les eaux; le prix silencieux de l’injustice climatique

Alors que Kinshasa devrait entrer dans sa saison sèche, des pluies diluviennes provoquent destructions, inondations et effondrements. Ce nouvel épisode climatique interroge : pourquoi les plus vulnérables paient-ils toujours le prix fort d’un dérèglement qu’ils n’ont pas causé ?

Ce 14 juin au matin, des pluies inhabituelles ont balayé la capitale congolaise. Un épisode violent, hors saison, a provoqué de graves inondations et d’importants dégâts dans plusieurs communes. À Kisenso, quatre maisons se sont écroulées. À Limete, le quartier Ndanu a été envahi par les eaux. À Mont-Ngafula, les têtes d’érosion ont avancé, détruisant d’autres habitations.Et tout cela… en saison sèche. Une anomalie qui devient une habitude. Et un symbole criant d’injustice climatique. Kinshasa, comme de nombreuses capitales africaines, subit de plein fouet les effets du réchauffement climatique. Pourtant : La RDC n’émet que 0,03 % des gaz à effet de serre mondiaux.

Mais ce sont ses populations – souvent pauvres, précaires, mal logées – qui en subissent les conséquences. L’équation est injuste : les pays du Sud paient les dérèglements provoqués par l’activité industrielle du Nord.”C’est une forme de colonialisme climatique moderne”, affirment de plus en plus d’experts.Ces pluies extrêmes ne sont pas nouvelles. En avril dernier, Kinshasa avait déjà connu plusieurs morts lors d’épisodes similaires. Pourtant, rien n’a changé. Les mêmes causes produisent les mêmes drames :

  • Urbanisation sauvage sans plan d’aménagement
  • Absence de système de drainage
  • Pas de plan de résilience climatique
  • Aucune alerte météo fiable pour prévenir les populations

Et lorsque les autorités réagissent, elles accusent les habitants, comme le bourgmestre de Kisenso qui menace d’arrestations les familles sans drains parcellaires.Selon le GIEC, l’Afrique centrale subira davantage d’événements climatiques extrêmes : pluies imprévisibles, érosions accélérées, inondations plus fréquentes. Mais Kinshasa n’est pas prête. Et sans adaptation rapide, les dégâts vont empirer. Les pays du Nord ont promis de financer l’adaptation des pays du Sud au changement climatique. Pourtant : En 2023, moins de 25 % des financements promis ont été versés. La justice climatique, ce n’est pas qu’un slogan. C’est : Réparer les déséquilibres historiques; Financer les infrastructures durables; Soutenir les populations affectées; Reconnaître les responsabilités différenciées.

Kinshasa est l’une des villes à la croissance la plus rapide du continent. D’ici 2030, elle pourrait être la plus peuplée d’Afrique. Si rien n’est fait, cette mégapole deviendra un épicentre de catastrophes climatiques. Ce qui se passe aujourd’hui à Kinshasa n’est pas une exception : c’est l’avant-goût d’un futur que de nombreuses villes africaines pourraient vivre demain.Chaque goutte qui tombe sur Kinshasa est une accusation muette contre un système injuste. L’urgence n’est pas que météorologique. Elle est politique, morale et mondiale. Si l’inaction climatique continue, l’histoire retiendra que le monde savait… et n’a rien fait.

Par kilalopress

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