Kinshasa, 5 juin 2025. La capitale congolaise croule sous les déchets plastiques. En cette Journée mondiale de l’environnement, dont le thème est cette année « Lutte contre la pollution plastique », le Centre Congolais pour le Développement Durable (CODED) lance un cri d’alarme sans précédent. Dans un communiqué au ton ferme et documenté, l’organisation appelle le gouverneur de la ville-province, Daniel Mbumba, à décréter l’état d’urgence sanitaire face à une crise environnementale à dimension humaine, sociale et écologique.
Dans un communiqué de presse parvenu à la rédaction de Kilalopress, la dénonciation formulée par CODED est sans détour : Kinshasa est devenue « Kin Bosoto » — un surnom ironique pour décrire la saleté qui envahit les rues, les rivières et les quartiers entiers. Le plastique y est omniprésent : bouteilles, sachets, emballages divers. Ces déchets non biodégradables s’accumulent dans les caniveaux, bouchent les collecteurs d’eaux usées, provoquent des inondations récurrentes et polluent les cours d’eau qui traversent la ville.
Au-delà de l’image dégradée que cela projette de la capitale congolaise, les conséquences sanitaires sont graves : maladies respiratoires dues aux fumées toxiques issues de la combustion sauvage des plastiques, prolifération des moustiques dans les eaux stagnantes, et menace croissante sur la biodiversité aquatique.Le communiqué de CODED met en lumière plusieurs lacunes : absence de politique de recyclage, défaut d’éducation environnementale, faiblesse de l’application du principe pollueur-payeur, et un manque de coordination entre les institutions compétentes.
Selon l’organisation, « la multiplication exponentielle des déchets plastiques révèle l’absence totale de suivi des activités des sociétés de production d’emballages plastiques ». En d’autres termes, l’inaction politique alimente un cercle vicieux d’irresponsabilité et d’inaction.Ce qui distingue la sortie médiatique de CODED d’une simple dénonciation, c’est son offre d’un véritable plan d’action multisectoriel :
- Sur le plan institutionnel : relancer les comités d’hygiène dans les quartiers, créer un cadre légal de participation citoyenne à l’assainissement, mettre en place une politique claire de propreté urbaine.
- Sur le plan technique : concevoir un circuit organisé de collecte et de recyclage, cartographier la production de plastique par zone, et développer les métiers liés au recyclage.
- Sur le plan financier : créer un fonds spécifique alimenté par les amendes écologiques et soutenir le recyclage via le budget provincial.

L’appel à une gouvernance proactive est donc aussi un appel à une gouvernance participative, où la société civile et les citoyens peuvent jouer un rôle décisif.L’article 53 de la Constitution congolaise garantit pourtant le droit à un environnement sain. En appelant à l’état d’urgence sanitaire, CODED interpelle directement la responsabilité des autorités provinciales mais aussi nationales : la crise du plastique devient un test de volonté politique, de gouvernance publique, et de capacité à assurer la dignité des citoyens face à un désastre lent mais bien réel.Le cri lancé le 5 juin 2025 ne peut rester sans suite. À l’heure où les effets du changement climatique et des pollutions convergent pour frapper les plus vulnérables, Kinshasa est à un tournant. L’inaction n’est plus une option. Si la capitale veut éviter de devenir une ville invivable, la lutte contre le plastique doit devenir une priorité stratégique, sanitaire et économique.
Par kilalopress